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LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE

Enfin, j’ai procédé à un examen très détaillé des manuscrits alchimiques grecs, conservés à la Bibliothèque nationale depuis le temps de François Ier, et que M. Omont m’a communiqués avec une obligeance inépuisable. Je les ai étudiés pendant près d’une année. J’ai même pu faire venir de Venise, grâce à la libéralité du gouvernement Italien, un manuscrit grec, écrit sur parchemin, conservé dans la Bibliothèque de Saint-Marc, lequel remonte au xie ou xiie siècle de notre ère : c’est le plus ancien manuscrit connu de cette espèce.

Plusieurs auteurs et traités contenus dans les manuscrits remontent à la même époque que les papyrus. Ces auteurs, ces traités, et même certains passages qui en sont extraits ont été cités dès le viiie siècle par les polygraphes byzantins et rappelés aussi par les Arabes. Non seulement ces manuscrits m’ont procuré des renseignements nouveaux et inédits sur les sources de l’alchimie ; mais la comparaison de quelques-uns de leurs textes, avec ceux de Platon et des philosophes grecs, fournit des lumières inattendues sur les théories qui guidaient les premiers alchimistes ; elle fait comprendre pourquoi ils se déclaraient eux-mêmes, dès le ive siècle de notre ère, « les nouveaux commentateurs d’Aristote et de Platon[1]». Le nom de philosophie chimique ne date pas de notre temps ; dès ses premiers jours, la Chimie a prétendu être une philosophie de la nature.

Voici le plan du présent ouvrage, établi d’après l’ensemble des données que je viens d’énumérer.

  1. Ms. 2,327 de Bibliothèque nationale, f° 195.