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SOURCES ÉGYPTIENNES

Montrons par quelques exemples comment les alchimistes ont emprunté aux prêtres de l'Égypte les formes énigmatiques et symboliques, ainsi que l'usage des signes hiéroglyphiques de leur art.

Le signe alchimique de l’eau, notamment, est identique avec son hiéroglyphe ; celui du soleil l’est également. Le signe d’Hermès est le même que le signe actuel de la planète Mercure dans l'Annuaire des Longitudes ; il a été appliqué tour à tour à l'étain et au métal mercure. On l’assimile d’ordinaire au caducée ; mais il offre aussi une ressemblance singulière[1] avec l’une des représentations de Toth, représentation ainsi définie dans le Dictionnaire d’Archéologie égyptienne de Pierret (1875) : « la tête d’ibis, qui le caractérise ordinairement, est surmontée d’un disque et de deux cornes en croissant ». Toutefois il faudrait des preuves plus positives, tirées des papyrus ou des monuments, pour pouvoir affirmer cette identification. Le sceau d’Hermès, que les praticiens du moyen âge apposaient sur les vases et qui est devenu le scellement hermétique de nos laboratoires, rappelle encore l’origine égyptienne de la science. Le fait seul que le nom et le signe du dieu Hermès (Mercurius) aient été attribués par les alchimistes au métal qui constituait la matière première du grand œuvre, c’est-à-dire à l’étain d’abord, au mercure plus tard, fournit un rapprochement du même ordre.

Le mot Cnouphion, dérivé du nom du dieu Cnou-

  1. Voir notamment la grande figure dessinée dans le ms. 2.317. fol. 297, v°, à la suite d’une liste des mois égyptiens.