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LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE

grecque ; un autre caractère polyphone traduit par le psi grec, et un troisième polyphone, aussi très net, le hoout, traduit par le thêta.

Des alphabets magiques analogues existent dans le manuscrit astrologico-alchimique 2.419 de la Bibliothèque nationale, et des alphabets pareils se lisent dans les papyrus thébains de Leide[1].

Les noms mêmes des laboratoires où l'on préparait la pierre métallique, c’est-à-dire la pierre philosophale, sont transcrits à la suite d’un traité de Jean l'archiprêtre[2]. Les voici : terre de la Thébaïde, Héracléopolis, Lycopolis, Aphrodite, Apollinopolis, Élephantine : ce sont là en effet toutes des villes connues en Égypte et sièges de grands sanctuaires. Cette liste semble reproduite du début d’un passage d’Agatharchide, relatif aux exploitations métallurgiques de l'Égypte[3] : peut-être que les lieux où l'on extrayait l'or de ses minerais étaient les mêmes que ceux où l'on prétendait le fabriquer. En tous cas la liste est fort ancienne ; car ces noms n’étaient plus guère connus après la conquête musulmane, et il n’y figure aucun lieu étranger à l'Égypte, tels que ceux que nous retrouvons plus tard dans les listes écrites au viie siècle.

Tout ceci nous ramène constamment vers l’Égypte et même vers l'Égypte gnostique et hellénisée d’Alexandrie, telle qu’elle existait à l’époque de la domination romaine, aux iiie et ive siècles de notre ère.

Cependant dans ces faits, il n’y a, en somme, la preuve

  1. N° 75 ; Reuvens, I, 49.
  2. Ms. 2.327, fol. 249, v°.
  3. Voir p. 23. Le manuscrit de saint Marc a donné tout ce passage sous le titre : Des pierres métalliques (fol. 138).