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CLÉOPÂTRE

purgera les oreilles des gémissements de cet oiseau de mauvais augure ! »

La gaîté interrompue un instant par ce colloque reprit plus vive. Bientôt apparurent des musiciennes en grand nombre diversement vêtues. Des jeunes filles syriennes, belles d’une beauté langoureuse particulière à leur race, portaient dans leurs mains des cithares d’argent ; leur tête fine était ornée du voile de Sidon, que les femmes d’Égypte avaient su rendre plus transparent encore en séparant avec l’aiguille les fils de ce léger tissu ; des Syracusaines, glorieusement parées de longues robes surchargées de broderies, se tenaient debout, inclinées sur les volutes d’or de leurs harpes ; enfin de jeunes Athéniennes couronnées de violettes et de lierre, presque nues sous la mince tunique couleur de safran, pressaient contre leur poitrine la lyre à cinq cordes. Toutes devaient suivre la phrase musicale de la chanteuse et l’accompagner sur un rythme que décidait le caprice de son inspiration.

Au milieu d’elles Taïa s’avança ; ses yeux ardents et fauves se posèrent sur le visage divin de Cléopâtre ; sa voix passionnée phrasait les