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le colosse de rhodes

passé l’île de Cypris et salué les innombrables sanctuaires consacrés à la Reine de l’amour. Et la langueur de l’Orient pénétrait déjà dans leur poitrine. Namourah, la tête renversée sur un coussin brodé de perles, regardait les nuages légers s’enfuir dans la profondeur du ciel ; et ses seins, comme les voiles tendues par le vent, se gonflaient d’un bonheur immense qui la faisait presque haleter. Elle emportait comme une proie celui qui longtemps l’avait ignorée et dédaignée. Pendant trois jours il serait sous sa main caressante et dominatrice ; — et quand ils reviendraient ensemble dans Rhodes, la fusion complète de leurs esprits serait consommée.

Elle était au-dessus du scandale et de la raillerie du monde. Qui donc aurait osé la juger ? Isanor lui-même s’était incliné devant ce nouveau caprice. Il l’avait laissée partir, et dans sa galère il avait fait effeuiller des milliers de roses. Le parfum de ces fleurs encore vivantes se mêlaient à tous les autres parfums qu’exhalaient les anses du rivage ; la mer elle-même semblait imprégnée d’aphrodisiaques odeurs.