du devoir qui vous est imposé ; tandis qu’il me faut subir mille entraves, lutter contre des difficultés incessantes…
— Ne vous plaignez pas de votre sort, Dorcas, dit Praxilla ; ces entraves ne sont rien, puisque votre âme s’en détache et plane au-dessus d’elles, parmi les objets de sa prédilection. N’est-ce pas en cela même que consiste le bonheur ?
— Oui, fit Dorcas. Le bonheur c’est de sentir une harmonie parfaite entre ses désirs et sa volonté.
Dorcas comprit que le regard de Praxilla devenait extatique sous son voile.
— Voilà précisément, dit-elle, ce qui fait notre paix à nous, les servantes de la Déesse. Tous nos désirs sont accordés à sa volonté divine qui règne en nous. Nous nous levons, nous nous couchons, avec l’unique pensée de lui obéir. Pendant notre sommeil, cette pensée forme encore le tissu de nos songes, et quand le matin, autour du Portique d’Aréthuse, nous unissons nos voix pour rendre grâces à l’immortelle Perséphone, c’est encore dans le même esprit de soumission.
Elle s’arrêta soudain et regarda Dorcas. Au-dessus d’eux le bruit de la ville, qui jusqu’alors n’avait été qu’un bourdonnement confus, augmentait, devenait plus distinct, trop lointain cependant pour qu’on pût savoir quelle en était la cause, et si c’était