Page:Bertheroy - Les Vierges de Syracuse.djvu/338

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
308
les vierges de syracuse

l’air les ressaisit. Et les lignes furent abandonnées. Sur le sol, d’ailleurs, entre les papyrus, les nasses étaient chargées du butin de la pêche, recouvert de larges feuilles fraîchement cueillies. Alors l’un des jeunes soldats coupa un roseau et s’en fit une flûte champêtre, dont la mélodie suave et discrète alternait avec celle des autres flûtes lointaines. Un rossignol roux, blotti sous la frondaison d’un arbuste, chanta lui aussi. Un groupe de jeunes filles dansantes, — les mêmes qui avaient passé tout à l’heure sur la route blonde — s’érigea au sommet prochain d’une colline. Elles se tenaient par la main et répétaient leur chanson d’amour. Alors la flûte se tut, tous les autres bruits s’apaisèrent, et le rossignol lui-même cessa de susurrer sous les feuillages. Et il n’y eut plus dans le vaste ciel clair que l’harmonie de cette ronde de jeunes filles célébrant leurs parthénies amoureuses. Leurs silhouettes bleues s’enlevaient sur l’azur du ciel, et de longues ombres transparentes d’un bleu plus pâle, se détachant de la lumière à son déclin, descendaient de tous les points de l’horizon et couvraient la plaine…