Alors, qu’est-elle devenue ?… Y aurait-il donc une autre route que celle-ci pour aller à Paris ?
— Non, monsieur, et si cette chaise de poste se dirige sur Paris, il faut nécessairement qu’elle prenne des chevaux chez nous… sans doute vous l’aurez dépassée sans la voir.
— C’est impossible ; j’ai examiné soigneusement toutes les voitures que j’ai rencontrées.
Pendant cette conversation, plusieurs personnes sorties de la maison étaient venues se grouper avec curiosité au tour de Fleuriot.
— Ah ! je vais vous dire, monsieur, dit une grosse servante au teint rouge, ce doit être là un tour de Pierre, le postillon de R***. Autrefois Pierre contait fleurette à… quelqu’un d’ici, ajouta-t-elle en devenant plus rouge encore, et il nous amenait tous les voyageurs. Mais depuis peu de temps il est devenu amoureux d’une mijaurée qui demeure au Soleil-d’Or, à moitié chemin de R*** chez nous. C’est là que Pierre conduit tous ses voyageurs, en leur di sant que nulle part ils ne trouveront meilleure table. Vous avez dû voir le Soleil-d’Or à une grosse lieue d’ici… une maison jaune avec des volets bleus. Peut-être la voiture était-elle dans la cour, et vous ne l’aurez pas remarquée en passant… Ah ! ce brigand, cet affronteur, ce scélérat de Pierre n’en fait jamais d’autres !
La supposition de la fille d’auberge pouvait seule expliquer cette disparition de la berline ; comme Fleuriot ne savait que résoudre, la maîtresse de la maison lui dit :
— Dans tous les cas, monsieur, ces voyageurs ne peuvent manquer de se rendre ici afin de changer de chevaux. Ce que vous avez donc de mieux à faire est de les attendre… On vous servira à dîner, si vous voulez, pour vous faire prendre patience.
Réellement le conseil de l’hôtesse paraissait sage. Fleuriot avait fait plusieurs lieues à pied, couru deux postes au galop, et, malgré la vigueur de sa constitution, il commen-