Page:Bertrand, Gaspard de la nuit, 1895.pdf/238

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

II

Il allume les feux au bord des fossés pleins d’eau ; le ciel est noir ; la forêt est pleine de bruits ; le vent chasse la fumée vers le fleuve et se plaint en murmurant dans les plis des étendards.

III

Aucune trompette ne trouble l’écho ; aucun chant de guerre n’est répété autour de la pierre du foyer ; des lampes sont allumées dans les tentes au chevet des capitaines morts l’épée à la main.

IV

Mais voilà que la pluie ruisselle sur les pavillons ; le vent qui glace la sentinelle engourdie, les hurlements des loups qui s’emparent du champ de bataille, tout annonce ce qui se passe d’étrange sur la terre et dans le ciel.