Page:Bertrand, Gaspard de la nuit, 1920.djvu/143

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

n’est pas loin, dit un muletier, je l’aperçois qui flotte au fond de la ravine, gonflé d’eau comme une outre.

— Notre-Dame d’Atocha, protégez-nous ! s’écriaient les brunes Andalouses nonchalamment bercées au pas de leurs mules.

— Quelle est cette hutte à la pointe d’une roche ? demanda un hidalgo par la portière de sa chaise. Est-ce la cabane des bûcherons qui ont précipité dans le gouffre écumeux du torrent ces gigantesques troncs d’arbres, ou celle des bergers qui paissent leurs chèvres exténuées sur ces pentes stériles ?

— C’est, répondit un muletier, la cellule d’un vieil ermite qui a été trouvé mort, cet automne, en son lit de feuilles. Une corde lui serrait le cou, et sa langue lui pendait hors de la bouche.

— Notre-Dame d’Atocha, protégez-nous ! s’écriaient les brunes Andalouses nonchalamment bercées au pas de leurs mules.

— Ces trois cavaliers cachés dans leurs manteaux, qui, passant près de nous, nous ont si