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retard. Marien, le lecteur de l’église, qui se trouvait là, y courut en toute diligence.

Déjà le diacre avait poussé la porte du cellier qui s’ouvrait au fond du triclinium. Des rangées de tonneaux et de jarres apparurent dans la pénombre. Le cellier regorgeait de vin et d’huile. Et il y avait aussi, empilés jusqu’à la voûte, des sacs de farine, des légumes secs dans des corbeilles et des boisseaux :

« Tu vois, dit Jacques, si les mauvais jours reviennent, nous aurons de quoi nourrir les veuves et les enfants de nos martyrs.

– Et vous pourrez aussi les habiller, » dit Januarius.

En effet, le vestiaire occupait toute une chambre longue et profonde, où l’on entrevoyait, sur des rayons, des amoncellements de tuniques et de voiles, des chaussures d’hiver et d’été, de gros manteaux de laine à capuchon pour les paysans et les esclaves.

« C’est grâce à Cécilius Natalis que nous avons tout cela, dit Jacques, sa libéralité est inépuisable pour nous.

– Ainsi, il donne beaucoup à l’église ? demanda l’évêque, qui se reprochait déjà d’avoir mal pensé de son ami.

– Beaucoup plus que tu ne peux croire, Père très saint. Il nous donne tous les vêtements et toutes les nourritures, jusqu’aux nourritures de l’esprit… Tiens ! cette bibliothèque, c’est encore un cadeau de Cécilius. »

Dans une pièce en rotonde, des armoires peintes et dorées, qui s’alignaient autour des murs, montraient derrière leurs volets rabattus des évangéliaires et des psautiers somptueusement reliés. Mais Cyprien, qui voulait se recueillir un instant dans le sanctuaire, ne fit que traverser cette studieuse retraite.

La salle du banquet dominical avait été aménagée dans un sous-sol, qui s’étendait sous la cour intérieure et où l’on descendait par un escalier tournant. C’était une véritable crypte, que soutenaient des piliers énormes. Un jour avare tombait par les ouvertures de la voûte.