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La multitude de combinaisons définies et dociles à vos lois que vous êtes venu à bout de fixer dans le soufre a lieu d’étonner les vieux chimistes qui s’arrêtaient à des déterminations vagues et confuses qui ne pouvaient leur donner qu’une connaissance bien imparfaite des productions de la nature.

Aussitôt que j’ai reçu votre lettre, je l’ai communiquée à mon ami Gay-Lussac qui se serait empressé d’en publier la partie scientifique dans son journal, si vous n’aviez promis sur la fin de cette lettre de communiquer aux auteurs des Annales votre mémoire sur les sulfures.

À ce que je vous ai marqué relativement à la réception de la tête de Descartes, je dois ajouter que dans la séance suivante M. Delambre114 fit quelques observations et prétendit que les procès-verbaux de la réception du cadavre de Descartes et celui fait dernièrement de sa translation dans une église paraissaient prouver que la tête n’en était pas séparée ; mais ses observations ont paru peu fondées.

Le froid de vos contrées septentrionales a bien retardé notre été, mais l’automne nous en dédommage.

Il y a longtemps que je n’ai joui d’une si bonne santé : il ne m’est resté vestige de catarrhe et de douleur rhumatismale ; et mon cerveau s’est dégagé d’un bandeau qui paraissait le comprimer ; ainsi ma vieillesse se trouve exempte de toute infirmité et, si je ne suis plus en état de me livrer aux recherches, au moins je jouis de l’étude dans la solitude dont je tâche d’accroître les agréments. Ma femme jouit aussi d’une bonne santé. Je ne dois pas oublier Lubin qui voudrait bien vous baiser encore les mains. Nous prenons tous un tendre intérêt à ce qui vous concerne.

Agréez la profonde estime et l’inviolable attachement avec lesquels j’ai l’honneur d’être,

Monsieur,

Votre très humble et très obéissant serviteur
Berthollet.

21 8bre 1821.