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sont abondants, fertiles en certaines choses, et qui les répandent au dehors : ta Champagne et la Bourgogne sont les sources des bons vins. Le Pérou est une source de métaux précieux ; —fig., le principe, la cause, l’origine,le premier auteur de quelque chose, d’où quelque chose procède : la source de tous les biens. Ce fatal événement est la source de tous nos maux. La vanité est une source inépuisable, intarissable de ridicules. La bonté de Dieu est une source qui ne tarit jamais. Le travail est une source de richesses. Les sources de la prospérité publique. Notre imagination est souvent la source de nos malheurs ; je tiens cette nouvelle de bonne source, je la tiens de personnes qui doivent être bien informées ; se dit, dans un sens particulier, des textes originaux : cet historien a puisé dans les meilleures sources. Il ne s’arrête ni aux versions, ni aux commentaires,il va droit aux sources, il puise dans les sources ; — fig., les sources de la vie, les principaux organes nécessaires à la vie : un mal qui empoisonne les sources de la vie ; — fig., en Théologie, les sources de la grâce, se dit des sacrements ; — fig. et fam., cela coule de source,se dit ou parlant de ce qu’une personne dit ou écrit d’une manière naturelle,facile,on conformément à son génie,au caractère de son esprit,aux sentiments de son cœur : il écrit facilement, cela coule de source ; — Mar.,la source du vent,le point d’où il souffle.

SOURCIER, sm. Celui qui prétend avoir des moyens particuliers pour découvrir des sources.

SOURCIL, sm. (Pron.sourci).Le poil qui est en forme d’arc au bas du front,au-dessus de l’oeil : sourcil noir,clair,épais,touffu.Hausser,baisser,froncer les sourcils ; se faire les sourcils, les accommoder, les ajuster; — fig.,froncer le sourcil,montrer sur son visage de la mauvaise humeur,du mécontentement : aussitôt qu’on lui parte de cela,il fronce le sourcil.

SOURCILIER, IÈRE,adj. Anat. Qui a rapport aux sourcils : muscle sourciller ; arcade sourcilière,la saillie que présente l’os coronal,au-dessus de l’orbite de l’œil.

SOURCILLER, (pron. les deux l mouillées),vn., rég.,Ve conjug. Remuer le sourcil en signe de mécontentement,d’impatience, etc.; il s’emploie ordinairement qu’avec la négative : Cet écolier n’ose pas sourciller devant son maître.Ecouter des reproches,un long discours sans sourciller ; il a entendu cette mauvaise nouvelle sans sourciller ; il n’a pas sourcillé quand on lui a prononcé son arrêt,il n’a pas laissé paraître alors aucune marque d’altération sur son visage.

SOURCILLEUX, EUSE,adj. Haut,élevé: monts sourcilleux, montagnes sourcilleuses. Rochers sourcilleux,roches sourcilleuses ; un front sourcilleux, un front où se point l’orgueil ; et aussi,un front empreint de tristesse,un front chagrin,inquiet.

SOURD,OURDE, adj. Qui ne peut entendre, par le vice,le défaut,l’obstruction de l’organe de l’ouïe : être sourd,devenir sourd. Etre sourd d’une oreille. Etre sourd et muet.Sourd-muet de naissance.Etre complètement sourd ; — fam.,sourd comme un pot,extrêmement sourd ; — fig.,être sourd aux prières,aux cris, aux raisons,aux remontrances, être Inexorable, insensible,inflexible aux prières,aux cris,etc. ; —•s. .*un sourd,une sourde. Un sourd-muet. L’institution des sourds-muets ; — fam.,frapper comme un sourd,frap- per sans mesure et sans pitié ; — prov.,il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre,se dit en par- lant d’un homme qui fait semblant docilepus entendre une proposition, une demande qu’il entend très-bien, mais à laquelle il ne veut pas répondre ; prov., — faire lesourd,fairela sourdeoreille,fairesemblantde ne pas entendrece qu’onnousdit, et n’y avoirpoint d’égard: quandonluiparle raison,il fait la sourde oreille; —adj., seditdocertaineschoses,pourmar- quer qu’ellesne retentissentpas autantqu’ellesde- vraient,qu’ellesnerendentpasunsonaussifortqu’elles devraient: Cetteéglise,cettesalleestsourde.Ceviolon estsourd.Unevoixsourde; bruitsourd,bruitquin’est paséclatant: entendre un bruitsourd.On ditdansun sonsanalogue,de sourdesrumeurs,de sourdsgémisse- ments,etc.; — fig.,il courtun bruitsourd,oii se dit à l’oreille une nouvelle qui n’est pas encore publique ni certaine ; douleur sourde,douleur interne qui n’est pas aiguë ; lime sourde,lime qui ne fait pas de bruit quand on l’emploie. Il se dit,fig.et fam.,d’une personne qui agit secrètement pour quelque mauvais dessein,ou qui,sous un air taciturne,cache de la malignité; lanterne sourde,lanterne faite de telle façon, que celui qui la porte voit sans être vu,et qu’il en cache entièrement la lumière quand il veut ; en termes de Joaillier,pierre sourde,pierre qui a quelque chose d’obscur,de sombre,de brouillé; — fig., se dit de certaines choses qui se font secrètement, sans bruit, sans éclat ;et,dans ce sens,il se prend toujours en mauvaise part : des menées,des pratiques sourdes.De sourdes pratiques,de sourdes menées.Une guerre sourde.Une sourde tyrannie ; — Math.,quantités sourdes,les quantités incommensurables, c’est-à-dire, celles qui ne peuvent être exprimées exactement ni par des nombres entiers ni par des fractions: la racine carrée de deux est une quantité sourde.

SOURD,sm. Nom donné à la salamandre, dans quelques provinces.

SOURDAUD, AUDE,s. Celui,celle qui n’entend qu’avec peine : c’est un sourdaud, une sourdaude.

SOURDEMENT, adv. D’une manière sourde,peu retentissante, qui fait peu de bruit : le tonnerre grondait sourdement ; — fig.,d’une manière secrète et cachée: faire une chose sourdement. Négocier sourdement. Traiter une affaire sourdement. Des bruits sourdement répandus.

SOURDINE, sf. Ce qu’on met dans une trompette, et à certains instruments de musique,pour en affaiblir le son : mettre une sourdine dans une trompette. Il y a des airs qu’on fait jouer aux violons avec des sourdines; en parlant d’une montre à répétition,se dit d’un ressort qui,étant poussé,retient le marteau,et l’empêche de frapper sur le timbre ou sur la boite de la montre; — à la sourdine, loc. adv. et fig., avec peu de bruit,secrètement : tes ennemis ont délogé à la sourdine. Se marier,s’en aller à la sourdine.Négocier une affaire à la sourdine.

SOURDRE, vn., irrég., 4e conjug. Sortir de terre ; ne se dit que des eaux et n’est guère en usage qu’à l’infinitif et à la troisième personne du présent de l’indicatif : C’est un pays fort aquatique,l’eau y sourd partout(Académie).L’eau sourd de la terre, d’unrocher. On voit l’eau sourdre de tous côtés(Id.).On dit que le Rhin,le Rhône et le Pô sourdent de la même montagne. Autrefois on employait ce verbe au figuré,mais seulement à l’infinitif : Caton disait qu’en frappant du pied contre terre,il en ferait sourdre des légions. On commence à l’employer de nouveau dans ce sens,et l’on a raison,ce mot est très-expressif.

SOURICEAU, sm. Le petit d’une souris : un souriceau,un petit souriceau.

SOURICIÈRE sf. Piège,instrument pour prendre des souris : tendre une souricière ; — fig.et fam., se mettre,se jeter dans la souricière, se mettre inconsidérément dans quelque embarras dont on ne peut sortir.

SOURIQUOIS, OISE,adj. Qui a rapport,qui appartient aux souris : le peuple souriquois,la nation souriquoise.

SOURIRE, vn.,irrég,,4e conjug.Itlro sans éclater, et seulement par un léger mouvement de la bouche et des yeux : sourire obligeamment, malicieusement, dédaigneusement, de dédain.Il vint au-devant de moi en souriant.Il ne répondit rien,mais il se mit à sourire. Elle souriait de mon embarras ; sourire à quelqu’un, lui témoigner par un sourire,dol’estime,de la complaisance,de l’affection, etc.: cette dame lui souriait. Elle m’a souri. On dit,fig.,la fortune lui sourit,le favorise. Sourire à quelqu’un ; se dit aussi des choses qui présentent un aspect agréable,des idées riantes : cette affaire lui sourit beaucoup.Ce lieu me sourit,je suis tenté d’y bâtir.Je ne sais quelle espérance lui sourit, mais elle le trompe ; se conjugue comme Rire.

SOURIRE,sm. Action de sourire : sourir agréable, malin,moqueur,fin,spirituel. Faire un sourire.Avoir le sourire gracieux. Avoir le sourire sur les lèvres.

SOURIS,Sourire : souris agréable,malicieux, moqueur. Un doux souris. Un petit,un léger souris.

Syn. Souris, sourire. Le sourire est l’action ;le souris,l’effet.Le sourire est un des attraits les plus touchants de la figure ;le souris est une des expressions les plus énergiques du sentiment.

SOURIS,sf. Quadrupède de la famille des rongeurs, du même genre que le rat,mais plus petit,qui se retire dans les trous des maisons,et qui attaque les graines, la paille,les meubles,etc. : les souris rongent les papiers. Guetter comme le chat fait ta souris ; — prov. et fig.,la montagne a enfanté une souris,se dit lorsque de grands projets n’aboutissent à rien ; — prov. et fig., souris qui n’a qu’un trou est bientôt prise,quand on n’a qu’une ressource,qu’un expédient,il est difficile de réussir,de se tirer d’affaire ; — parexagér., on le ferait cacher dans le trou d’une souris,dans un trou de souris, se dit d’un homme qui a peur,ou qui est embarrassé;