Page:Bessette - Le débutant, 1914.djvu/117

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
le débutant

un énorme banc de neige s’élevant à la hauteur du premier étage. Cette vue lui suggéra un plan dont il fit part aussitôt à Simone :

— J’ai trouvé le moyen ! Je vais passer par le carreau mobile du double châssis, sauter sur le banc de neige et m’enfuir par la ruelle. Personne ne me verra

— Tu ne te feras pas de mal en tombant ?

— Pas le moindre mal.

— C’est que j’ai peur !

— Ne crains rien, tu vas voir.

Il s’habilla à la hâte, revêtit son paletot, qu’il boutonna soigneusement, s’enfonça son bonnet de fourrure sur les yeux, et, quand ils eurent échangé un dernier baiser, il se glissa à plat ventre dans le carreau, les pieds devant. Tout allait bien lorsque, rendu aux épaules, son paletot étant un peu remonté, il se trouva suspendu dans le vide. Simone, alarmée, lui dit, suppliante :

— Je t’en prie, remonte. Je t’aime, je suis libre, ce n’est pas la peine de nous cacher. Il faudra bien qu’on le sache, un jour ou l’autre. Que m’importe l’opinion, si je te garde !

Il ne put répondre. D’un effort vigoureux il avait dégagé ses épaules et était disparu dans la neige. Inquiète, Simone passa la tête dans la fenêtre et le vit bientôt reparaître tout blanc, comme un Pierrot.

Et pendant qu’il se sauvait par la ruelle, elle battit des mains, comme une gamine.

117