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le débutant

rière du journalisme, était fier de son élève. L’ancien, rédacteur en chef du Populiste, le candidat défait dans la division Saint-Jean-Baptiste, avait brisé sa plume et renoncé à toute ambition politique ou littéraire. Le gouvernement, qui le savait au courant de bien des secrets compromettants pour le parti, l’avait casé en créant pour lui une situation de commissaire enquêteur sur les dossiers perdus au Palais de Justice de Montréal. De même, afin de dissiper la mauvaise humeur du financier Boissec, souscrivant, des sommes considérables au fonds électoral, et qui avait pris fait et cause pour le candidat progressiste contre le notaire Pardevant, aux dernières élections, on le nomma sénateur. Lebon se montra très optimiste à l’égard de Mirot. Il s’écria :

— Voilà un brave garçon qui a au moins fait quelque chose. Le journalisme lui aura servi, il fera son chemin. Tandis que moi, et bien d’autres, nous n’avons été pendant dix, quinze ou vingt ans, que les instruments de politiciens accapareurs et fourbes comme Troussebelle, ou imbéciles comme Poirier, nous obligeant sans cesse à changer leurs méfaits en actes méritoires, leur sottise en traits de génie, par une gymnastique intellectuelle quotidienne et fatigante, aboutissant toujours à des articles élogieux. Et à la moindre révolte contre cette odieuse exploitation de l’intelligence humaine, on vous chasse, sans égard pour les services rendus. Je me suis porté candidat à la députation et tous ceux que j’avais obligés au Populiste, m’ont combattu avec acharnement, à l’exception de mon ami Boissec.

Jacques Vaillant, lui, n’avait pas une grande confiance, dans l’accueil que le public, en général, ferait au roman qui venait de le charmer. Il s’exprima avec la plus grande franchise :

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