Page:Bethléem - Romans à lire et romans à proscrire, 7e éd.djvu/182

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« tranches de vie », ses cruelles gamineries, ses mots, la furie française de ses attaques, sa collection de « frimousses » d’enfants, ses types d’élégants prétentieux et satisfaits, de prestes femmes, de douairières faciles. Bob, Loulou, Ève, Paulette, Miquette, Chéri, Chiffon, etc., ont diverti et « gypanisé » toute une société.

Au point de vue moral, elle est loin d’être irréprochable. Elle exploite non seulement la vanité et la sottise, mais aussi la perversité humaine ; elle multiplie les propos irrévérencieux et les polissonneries, et si, dans certains ouvrages, elle donne aux snobs, aux ennuyeux, aux badauds, aux parents, de cruelles leçons, elle se comporte trop souvent avec la désinvolture d’une gourgandine littéraire.

En pratique, peut-on permettre la lecture de Gyp aux gens du monde ? Sans doute, elle ne recule pas devant le mot court-vêtu, risqué, salé même ; mais au moins elle n’est jamais grossière et sait dire des vérités. Elle les dit drôlement. Or la vérité qui rit et fait rire n’a pas de résultats malsains ; elle est, pour beaucoup, plus salutaire que la vérité qui endort, et pour tous, elle est préférable à la vérité qui dégoûte. C’est pourquoi nous n’hésitons pas à signaler quelques-uns de ses ouvrages : Autour du mariage (livre cynique qu’on a qualifié de chef-d’œuvre, et qui eut un grand succès) ; Processionnal Lover (il suffit de traduire) ; Trop de chic (les costumes des élégants et des élégantes) ; Monsieur Fred (dédié à M. Mézières) ; Leurs âmes (procès des gommeux que « le chic abrutit » ; leçons morales) ; Mademoiselle Ève (un amant en fuite compromet une jeune fille) ; Pas jalouse (une femme qui tombe) ; Le mariage de Chiffon (elle déteste le convenu et ne veut se marier que par amour) ; Elles et Lui (Elles flirtent et Lui passe sur tout ou sur rien) ; Tante joujou (la maîtresse d’un divorcé) ; Une passionnette (roman) ; Le journal d’un philosophe, livre odieux qui souleva ce-