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POÈTES D’AUJOURD’HUI

Vers le milieu de la nuit…
Seuls sans son maître, quand nous dormons,
Elle sort de la maison,
Et ce n’est pas moi qui la mène…
Nous, là-haut, nous rêvons, en bruines paisibles…
Alors elle s’assied sur le banc de rouille,
Délassée, et le plus commodément possible.
Elle ne sent presque pas que la pluie la mouille,
a peine, ma bonne peine, ma vieille peine…
De là elle entend bien les fontaines,
Les rainettes au frais, — toutes les autres tristesses
Compatissantes de la nuit…
Elle sommeille, tousse un peu, s’éveille, et puis
Regarde nos persiennes et la lueur qui baisse.
Elle dit : « Mon dieu, mon dieu !… »
Elle sait que nous ne sommes pas heureux,
Que nous ne le serions pas plus sans elle,
Et que nous ne le serons jamais…
Et la pluie sent les fleurs nouvelles,
Et la pluie a le bruit de la paix. —
Est-ce ma peine, est-ce la tienne ?
Je l’ai mêlée avec la mienne,
Quelle est la mienne, quelle est la tienne ?
Quelle est celle qui parle en bas ?…

— Et quand je la retrouve, au réveil, dans les draps,
Ainsi qu’au soir d’hiver, entre moi et toi.
Belle comme au matin sont belles les fenêtres,
Je sens qu’elle a l’odeur d’une nuit de poète.

(Le Beau Voyage, Fasquelle.)

LA DERNIÈRE BERCEUSE

Chante bellement, Killoré,
La la hu lalla ! mon petit oiseau
dans le rosier !
Chante bellement pour l’eufiint qui pleure.
Qu’a-t-il donc l’enfant à pleurer ainsi ?