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Page:Bibaud - Histoire du Canada sous la domination française, Vol 1, 1837.djvu/142

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toute hostilité sur les terres possédées par la couronne de France.

Cette déclaration du chevalier Andros, par rapport aux Iroquois, jetta d’abord la consternation dans tout le Canada. Le sentiment de la crainte, celui même du désespoir, y devaient être tout naturels, vu le peu de secours qu’on recevait de France, et le peu de ressources qu’offrait la colonie. Les inquiétudes et les appréhensions auxquelles elle était continuellement en proie ; les incursions si fréquentes des Iroquois, ne permettaient pas à cette colonie de faire des progrès rapides du côté des richesses et de la population. Le commerce des pelleteries était partagé avec les Anglais ; les pêcheries du golfe et des plages adjacentes étaient presque entièrement négligées ; et à l’exception du sieur Riverin, qui établit, sur un grand plan, des pêches sédentaires dans le fleuve Saint-Laurent, particulièrement aux environs de Matane, les Canadiens et les Français établis en Canada, étaient généralement peu industrieux et peu entreprenants. Ce qu’ils entendaient le mieux, c’était le maniement des armes, auquel le gouvernement les accoutumait, et la traite des pelleteries avec les Sauvages ; mais c’était là précisément ce qui nuisait le plus au progrès de la population, de l’agriculture et de l’industrie. D’après le recensement de cette année 1688, la population française du Canada n’était que de 11,249 individus, ou d’un peu plus de 12,000, en y comprenant le gouvernement de l’Acadie.

Néanmoins, l’indignation et la honte de voir une poignée de Sauvages tenir en échec tout un grand pays, ayant bientôt succédé à la crainte, on forma un dessein