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Page:Bibaud - Histoire du Canada sous la domination française, Vol 1, 1837.djvu/150

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deux hommes. Il était commandé par le sieur Hertel, accompagné de trois fils et de deux neveux, les sieurs Gatineau et Crevier de Saint-François. Il partit des Trois-Rivières, le 28 janvier, et arriva, le 27 mars, près d’une bourgade que Charlevoix appelle Sementels. Alors il partagea sa troupe en trois bandes : la première eut ordre d’attaquer une grande maison fortifiée ; et la seconde, de se saisir d’un fort de pieux à quatre bastions, tandis qu’avec la troisième, il attaquerait un fort plus grand, où il y avait du canon. Tout cela fut exécuté avec autant d’habileté que de bravoure. Les Anglais parurent d’abord vouloir se défendre ; mais ils ne soutinrent pas le premier feu des assaillans : les plus braves furent tués, et les autres, au nombre de cinquante-quatre, se rendirent prisonniers de guerre. On mit le feu aux maisons, ainsi qu’aux étables, où il périt plus de deux mille pièces de bétail.

Sementels n’était éloigné que de quelques lieues d’une autre grosse bourgade, d’où il pouvait sortir assez de monde pour envelopper Hertel, et lui couper la retraite. En effet, dès le soir même, deux cents hommes s’avancèrent pour l’attaquer. Il se mit en bataille, sur le bord d’une rivière où il y avait un pont dont il fit occuper la tête, et les Anglais s’étant présentés pour le passer, il les laissa avancer, sans tirer un seul coup ; puis fondant sur eux, l’épée à la main, il en tua ou blessa dix-huit, et obligea le reste à lui céder le champ de bataille, n’ayant eu, de son côté, que deux hommes de tués, et un de blessé.

Après cet exploit, M. Hertel se joignit au troisième parti, qui se composait de quelques Canadiens et de soixante Abénaquis du Sault de la Chaudière,