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Page:Bibaud - Histoire du Canada sous la domination française, Vol 1, 1837.djvu/180

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sa coëffure, noua ses cheveux, prit un chapeau et un juste-au-corps ; puis elle tira un coup de canon et quelques coups de fusil, et se montrant, avec son soldat, tantôt dans une redoute, et tantôt dans une autre, et tirant toujours fort à propos, lorsqu’elle voyait les Iroquois s’approcher de la palissade, ces Sauvages se persuadèrent qu’il y avait beaucoup de monde dans le fort, et se retirèrent.

Deux ans auparavant, la mère de cette jeune fille, Madame de Verchères, restée presque seule dans le même fort, en avait pareillement éloigné, par son courage et sa vigilance, un parti de guerre de la même nation.

C’était presque toujours du canton des Agniers que sortaient les partis de guerre qui faisaient le plus de mal à la colonie : aussi M. de Frontenac prit-il encore une fois la résolution d’en tirer raison. Il envoya quelques compagnies de troupes et de milices au chevalier de Callières, en lui ordonnant d’y joindre quelques centaines d’hommes de son gouvernement, soldats, habitans et Sauvages, pour en former un corps d’armée, et de le faire marcher incessamment contre les Agniers. Ces ordres furent exécutés avec diligence ; le parti se composa de six cents hommes, et le commandement en fut donné à MM. de Mantet, de Courtemanche et de la Noue, lieutenans.

Ils partirent de Montréal, le 25 janvier 1693, et arrivèrent, le 16 février, dans le canton d’Agnier, sans avoir été découverts. Ce canton n’était alors composé que de trois grosses bourgades, qui avaient chacune un fort ; La Noue attaqua le premier, et s’en rendit maître, sans beaucoup de résistance. Il brula les palissades, les