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Page:Bibaud - Histoire du Canada sous la domination française, Vol 1, 1837.djvu/191

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tenac. Ce général leur fit un accueil favorable, dans l’espérance d’attirer les autres ; mais il les attendit vainement. Il apprit des prisonniers qu’il n’y avait aucune apparence que les Anglais vinssent au secours de leurs alliés[1], et que la consternation régnait partout.

Sur cet avis, le conseil de guerre fut assemblé, et l’on y délibéra sur ce qu’il y avait à faire, pour mettre la dernière main à une expédition si bien commencée. M. de Frontenac opina d’abord qu’il fallait aller traiter le canton de Goyogouin, comme on avait fait ceux d’Onnontagué et d’Onneyouth. Cette proposition fut applaudie généralement, et l’on ajouta qu’après avoir ruiné ces trois cantons, il était à propos d’y construire des forts, pour empêcher les Sauvages de s’y rétablir. M. de Callières s’offrit à demeurer dans le pays, pendant l’hiver, pour exécuter ce projet, et son offre fut d’abord acceptée : plusieurs officiers, la plupart Canadiens, furent nommés pour y rester, sous ses ordres, mais on ne fut pas peu surpris, lorsque, dès le soir même, le général déclara qu’il avait changé de pensée, et qu’il fallait se disposer à reprendre la route de Montréal. Vainement, M. de Callières et plusieurs autres voulurent-ils lui faire des représentations ; il par-

  1. Les Anglais avaient bâti un fort à quatre bastions, dans le canton d’Onnontagué, et le bruit avait couru qu’ils y avaient envoyé du canon. On ne saurait dire pourquoi ils avaient abandonné ce fort, et négligèrent, en cette occasion, de défendre leurs alliés. Quinze cents Iroquois, quelques centaines d’Anglais, avec quelques pièces d’artillerie, qu’on aurait pu faire venir facilement de New-York ou d’Albany, et la proximité des bois, si propres aux ambuscades, auraient suffi pour mettre le comte de Frontenac en danger d’être battu, ou dans la nécessité de s’en revenir, sans avoir rien fait.