Page:Bibaud - Histoire du Canada sous la domination française, Vol 1, 1837.djvu/94

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férent, il nous faudrait avoir ce qui nous manque : les mémoires qui furent écrits de part et d’autre, et qui partagèrent alors l’opinion publique. Le P. de Charlevoix mentionne que l’évêque de Pétrée avançait contre le gouverneur des faits graves, sans dire quels étaient ces faits : M. de Mesy se plaignait surtout de la grande influence qu’avaient les jésuites dans la colonie : peut-être accusait-il ces religieux d’abuser de cette influence, et M. de Pétrée de les soutenir. C’est du moins ce que notre historien donne à entendre, en disant que le gouverneur, en récriminant, ne se disculpait pas. Quoiqu’il en soit, le prélat, soutenu de la majorité du conseil, l’emporta encore une fois, à la cour de France, et M. de Mesy fut rappellé.

On lui donna pour successeur Daniel de Remi, seigneur de Courcelles, officier de mérite et d’expérience ; et M. Robert, qui, comme nous venons de le dire, ne vint pas en Canada, fut remplacé par M. Talon, intendant en Hainaut. Les provisions de ces messieurs étaient accompagnées d’une commission particulière, pour informer, conjointement avec Alexandre de Prouville, marquis de Tracy, nommé, depuis quelque temps, vice-roi en Amérique, contre M. de Mesy ; avec ordre, au cas qu’il fût trouvé coupable des faits dont il était accusé, de l’arrêter et de lui faire son procès. Enfin, les ordres furent donnés pour lever de nouveaux canons, et faire embarquer pour le Canada le régiment de Carignan-Salières, qui arrivait de Hongrie, où il s’était fort distingué, dans la guerre contre les Turcs.