Aller au contenu

Page:Bibaud - Histoire du Canada sous la domination française, Vol 1, 1837.djvu/99

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

qui néanmoins avaient encore des partis en campagne. Un de ces partis surprit et tua trois jeunes officiers, du nombre desquels était M. de Chazy, neveu du vice-roi. Ce funeste accident et l’insolence brutale d’un chef agnier firent rompre la négociation entamée par les Onneyouths.

M. de Sorel étant sur le point de tomber sur une bourgade du canton d’Agniers, rencontra une troupe de guerriers de ce canton, qui avaient à leur tête un chef à qui les Français avaient donné le surnom de Bâtard-Flamand, parce qu’il était fils d’un Hollandais et d’une Agnière. Ce chef, se sentant fort inférieur aux Français, et ne voyant nul moyen d’échapper, prit le parti d’aborder M. de Sorel, et lui dit, d’un air fort assuré, qu’il allait à Québec, traiter de la paix avec M. de Tracy. M. de Sorel le crut, et le conduisit lui-même au vice-roi, qui le reçut bien. Un autre chef agnier arriva à Québec, peu de jours après, et se donna aussi pour un député de son canton. On ne douta point alors que les Agniers ne fussent véritablement disposés à la paix. Mais un jour, que le vice-roi avait invité les deux prétendus députés à sa table, le discours étant tombé sur la mort de M. de Chazy, le chef agnier, levant le bras, dit que c’était ce bras même qui avait cassé la tête au jeune officier. « Ce bras ne cassera plus la tête à personne, » répartit M. de Tracy ; et il le fit étrangler, sur le champ, par le bourreau, en présence du Bâtard-Flamand, qu’il retint prisonnier.

De son côté, M. de Courcelles était entré dans le canton des Agniers, s’attendant bien à les surprendre ; mais il s’apperçut bientôt qu’il s’était trompé. Il trouva toutes les bourgades abandonnées : les vieillards, les