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Page:Bibaud - Lionel Duvernoy, 1912.djvu/14

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jours être heureux dans un lieu où tout est si beau, si pur ; pas une odeur infecte dans l’atmosphère. Un jour quelques citoyens voulurent introduire l’horrible automobile, avec son souffle empesté et malsain, quatre seulement y furent transportées ; mais toute la population, intelligente, se leva pour protester ; et fit disparaître la puante machine, aucun infernal destructeur de la santé n’est toléré dans cette terre bénie, destinée à rendre les forces et la vie aux faibles. Les Bermudiens conservent jalousement, l’inestimable joie, de pouvoir respirer à plein poumons les arômes suaves, des courants embaumés, de senteurs de roses, de lys, de laurier. L’âme du poète, du rêveur, éprouve une délirante ivresse, sous un ciel si clément.

Moore en ces lieux écrivit des vers sublimes, inspirés sous l’ombrage des palmiers et du fameux Calabash.

Lionel charmé, ému, écoutait, avec attention, la légende du Laurier nommé en anglais Oleander, que lui racontait son guide.

C’était deux jeunes fiancés que la mer furieuse avait séparés. Sur le bord du rivage la jeune fille regardait s’éloigner celui qui possédait son amour, lorsque les vagues devenues subitement furieuses l’engloutirent dans leur antre.

Éperdue, agonisante, la pauvre enfant, l’ap-