Page:Bibesco - La Question du vers français, 1896, éd3.djvu/31

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homonymes patte et pâte, lie et lit, sotte et saute, et un bon nombre d’analogues, ne sont que des exemples isolés, qui n’empêchent pas la tentative de Becq de Fouquières (le Vers Français ramené au Vers Latin) d’être un avortement. Il n’y a point, non plus, « de musique de douze mesures », comme le voudrait M. Psichari ; il y a, ce qui est différent, la musique des douze temps, séparés en groupes ou de quatre mesures, suivant le système classique, ou, suivant le système romantique, de quatre, trois, parfois de deux mesures. Chez les romantiques, ces groupes, de quatre, de trois, ou, plus rarement, de deux mesures subdivisées chacune en un nombre variable de temps syllabiques atones ou accentuées, présentent des exemples intéressants. Hugo nous fournira quelques types fort beaux de ces coupes :

A. — Groupe de Trois Mesures, chacune de Quatre Temps syllabiques :

 

J’ai vu Sforza, / j’ai vu Borgia, / j’ai vu Luther.

B. — Groupe de Trois Mesures, la Ire de Quatre, la IIme de Deux, la IIIme de Six Temps syllabiques :

 

Marchaient pensifs, / la glace / à leur moustache grise.

C. — Groupe de Deux Mesures, la Ire de Huit Temps, la IIme de Quatre Temps syllabiques :

 

Et chacun se sentant mourir, / on était seul.

La division des douze mesures entraînerait forcément la pose de douze accents, un sur chaque mot.

D’après M. Psichari, il faudrait, par exemple, scander ainsi