Page:Binet - Henri - La fatigue intellectuelle.djvu/193

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individuelles, et avec quelque soin qu’elles aient été recueillies, elles ne suffisent vraiment pas pour établir des règles générales.

Les recherches dont le récit va suivre ont toutes été faites avec l’ergographe de Mosso : cet ergographe, qui, sauf quelques erreurs de détail signalées plus haut, est un très bon instrument, a été adopté dans beaucoup de laboratoires de physiologie, et on l’a employé à beaucoup de recherches diverses : étude comparée de la force musculaire dans les deux mains, influence de la marche, du vin, du lait, du thé, du café, des poisons, des extraits d’organe sur la force musculaire, etc., etc. En ce qui concerne le travail intellectuel, les documents sont beaucoup moins nombreux. Ils ont été recueillis en majorité par Mosso. Nous lui devons trois observations principales :

La première, la plus curieuse, a été publiée dans le mémoire original où l’ergographe est décrit pour la première fois. Elle est décrite sous ce titre : Influence de la fatigue psychique sur la force des muscles. Le sujet est le docteur Maggiora[1], professeur d’hygiène à l’Université de Turin ; la fatigue psychique qu’il éprouvait résultait des examens qu’il faisait passer aux élèves de l’Université[1].

Les tracés que nous publions abrégeront notre description. Le tracé 1 (fig. 70) est donné avant les examens, le doigt soulevait un poids de 2 kilogrammes. Il y a eu cinquante-cinq contractions.

« À 2 heures, commencent les examens. Le docteur Maggiora en fait subir onze, ce qui constitue un travail intense, durant trois heures et demie et sans intervalle de repos. De plus, outre la fatigue résultant de l’obligation où il était d’interroger et de diriger l’examen, il y avait aussi l’émotion de sentir la responsabilité de son propre enseignement en présence de collègues compétents qui assis-

  1. a et b Arch. ital. de biologie, XIII, 1890, p. 153.