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Mémoire des syllabes. — De même que pour les chiffres, on présentait au sujet des séries composées chacune de douze syllabes différentes n’ayant pas de sens. En voici un exemple :

Kal, rop, fech, tal, rur, til, dep, nov, veil, pev, bor, ciq.

Ce sont, on le voit, des syllabes composées avec une voyelle comprise entre deux consonnes. Le sujet doit lire une série analogue à la précédente, autant de fois qu’il est nécessaire pour pouvoir la répéter de mémoire. Ceci fait, il passe à la série suivante. On compte comme précédemment le nombre de syllabes apprises par cœur tous les cinq minutes.

Ces différentes expériences étaient faites pendant deux heures chacune sans interruption ; on notait, comme nous l’avons déjà dit, la quantité de travail fait toutes les cinq minutes.

Dix personnes de vingt et un à trente-trois ans, pour la plupart des médecins et des étudiants, ont servi comme sujets.

Examinons les résultats obtenus. Lorsqu’on fait un travail intellectuel continu, plusieurs facteurs différents entrent en jeu. En effet, on peut se mettre au travail avec plus ou moins d’énergie ; on peut en commençant ne pas bien savoir s’y prendre pour faire vite le travail exigé ; puis, au bout de quelque temps, on acquiert une certaine adaptation d’esprit qui permet de faire le travail plus rapidement ; enfin la fatigue peut intervenir et modifier la vitesse ; l’ennui, l’idée qu’il y a encore beaucoup de temps jusqu’à la fin, ou au contraire l’approche de la fin, toutes ces causes influent sur la vitesse du travail, et si on analyse l’état mental de celui qui fait l’expérience, on trouve que cet état est très complexe.

Kraepelin et ses élèves admettent que lorsqu’on fait un certain travail intellectuel, deux facteurs principaux influent sur la vitesse ; ces deux facteurs sont appelés par eux l’exercice et la fatigue. Une telle affirmation aurait