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gestion du cerveau. D’après l’autre théorie, le cerveau serait dilaté passivement par le refoulement du sang qui est chassé de la périphérie par des vaso-constritions. Cette seconde théorie est peut-être moins fortement ébranlée par les expériences ; elle, est cependant peu vraisemblable, puisque des vaso-constrictions très accentuées des membres peuvent se produire sans déterminer un changement de volume du cerveau. Bref, Mosso conclut à l’indépendance des organes ; le cerveau posséderait un système vaso-moteur autonome qui aurait pour but de régler la circulation cérébrale dans la mesure où cela est nécessaire pour l’état fonctionnel de cet organe.

Enfin, dans un tout récent travail où il a examiné l’effet de la musique sur la circulation cérébrale d’un enfant ayant une brèche crânienne, Patrizi est arrivé à des conclusions sensiblement équivalentes sur l’indépendance de la circulation cérébrale. Pendant l’audition de la musique, il se produit constamment chez son sujet une dilatation du cerveau ; mais les changements de volume des membres sont extrêmement variables ; tantôt il y a dilatation du bras, tantôt constriction, tantôt il ne se produit aucun changement appréciable. Ces expériences pas plus que les précédentes ne peuvent être considérées comme définitives ; la matière est trop délicate et le nombre des sujets est trop restreint. Mais il nous semble que la théorie de l’antagonisme entre la circulation du cerveau et celle des membres perd beaucoup de chances d’être vraie.

Nous n’avons pas parlé, dans tout ce qui précède, des expériences sur les animaux. Il faut cependant rappeler que beaucoup de physiologistes, et notamment Wertheimer, ont réalisé des expériences dans lesquelles une constriction du territoire abdominal a provoqué une dilatation du cerveau (Arch. de Physiologie, 1893, 2, p. 297).

En résumé, voici les points qui paraissent acquis :

1° Augmentation de volume du cerveau pendant le travail intellectuel :