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par tous les souvenirs de beauté ou les espérances de gloire.

Mme d’Abrantès a suivi son époux dans les importantes destinations de sa vie : elle l’accompagna dans son ambassade en Espagne, et comme si elle avait prévu, ce qui est bien probable après tout, le bon usage qu’elle ferait un jour de toutes ses connaissances, elle enrichit chaque voyage, chaque course, de toutes les observations de mœurs, de sites et de science, qui donnent aujourd’hui à ses écrits un mérite si remarquable de fidélité dans la peinture ou la narration des faits.

À son retour en France, elle fut nommée dame d’honneur de Mme Mère. Junot fut créé gouverneur de Paris, et ce fut le moment de ses joies les plus vives, de ses plaisirs les plus doux. En 1809, Junot accompagna Napoléon en Espagne ; et sa femme, qui ne pouvait supporter son absence, l’y suivit."C’est à cette époque que se rattachent les plus gracieux, les plus agréables motifs de sa correspondance. C’est au milieu d’une bataille terrible qui dura plusieurs jours, qu’elle accoucha du marquis d’Abrantès, le plus jeune de ses fils.

Tous ceux qui purent approcher de sa personne pendant ces moments de trouble et de dangers, n’ont qu’une voix pour peindre son courage et son intrépidité vraiment surhumaine. Aucun péril, aucun accident ne la trouvait au dépourvu, et elle se montra constamment au niveau de l’illustre époux dont elle était fière de partager la vie et la gloire.

Junot mourut en juillet 1813 ; alors la duchesse d’Abrantès se retira du monde et consacra à l’éducation de ses enfants des jours désenchantés par la perte de ce qu’elle avait de plus cher au monde. Mais si elle avait fui les yeux du public, aucun des personnages distingués qui l’avaient aimée dans sa splendeur ne la laissé-