Page:Biographie des femmes auteurs contemporaines françaises.pdf/97

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vont si bien au cœur d’une femme, et les consolations si puissantes de cette religion de paix que le Christ nous a faite, et les joies et les douleurs des Grecs modernes. De là cette poésie de détails, si douce et si pénétrante, cette fraîcheur, cette délicatesse de coloris qui nous charment dans les œuvres légères de Mme Désormery ; delà le développement habilement gradué des idées d’une imagination hardie et brillante, toujours réunie à la rigueur inflexible du raisonnement ; de là ces détails artistiques, cette profondeur énergique de pensées et leur parfaite corrélation que nous admirons dans les romans de notre auteur, et qui en font une lecture qui plaît, séduit, entraîne par la magie d’un style à la fois naïf et élevé, simple et sublime, interprète fidèle des sentiments intimes de l’âme.

Le père de Mme Désormery était capitaine de vaisseau. Dans un voyage de long cours, M. Desperrières périt corps et biens. Ce malheur fut sensible à la jeune Louise : il couvrit de deuil son adolescence et ses premières années, déshéritées de la poésie du jeune âge, s’écoulèrent monotones, employées à acquérir dans l’isolement une éducation triste et dépourvue de ces charmes qui naissent de l’émulation. Aussi, chercha-t-elle dans l’étude les distractions nécessaires aux besoins d’une imagination vive et impressionnable. Vivant dans la compagnie, et pour ainsi dire de la vie des génies et des philosophes des temps passés, prenant à la lettre les préceptes de leur morale, on devine aisément qu’à son apparition dans le monde, tout pour elle devint déception, et de ces déceptions incessantes naquit cet amour des lettres qui devint la consolation de sa vie, ce goût de la retraite qui constamment l’a retenue loin de la société. Sa mère s’étant remariée, la jeune Louise ne trouva nulle sympathie dans la nouvelle famille où le sort la plaçait ; contrariée dans