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ternité. De l’insignifiance de ces deux publications, il est sans doute permis de conclure que le caractère moral de l’homme et les qualités intellectuelles du professeur s’élevaient bien au-dessus des titres scientifiques qu’il nous a légués.

Félix Stappaerts.

Molanus, Historiæ Lovaniensium. — Valére André. Bibliotheca Belgica. — Quetelet, Histoire des Sciences mathématiques et physiques.

BEAUSOLEIL (J.-J. Du Chatelet, baron DE), minéralogiste, né dans le Brabant en 1578, mort en 1645. Voir Du Chatelet (J.-J.), baron de Beausoleil.

BEAUVAIS (Remi DE), poëte, né vers 1580. Voir Remi de Beauvais.

*BEAUVAU (René-François DE), né en 1664, au château du Rivau, en Poitou, mort en 1739. Il appartenait à une branche cadette d’une vieille et illustre famille de l’Anjou. Le sang des Beauvau s’honorait de mélange avec celui des ancètres d’Henri IV. Ayant mérité, en 1694, son bonnet de Sorbonne, René de Beauvau fut pourvu d’un canonicat à Sarlat, en Périgord, et remplit auprès de son oncle, qui était évêque du lieu, les fonctions de grand-vicaire. Gratifié, en 1703, de l’abbaye de Bonneval, au diocèse de Rhodez, puis de celle de Saint-Victor en Caux, il ne tarda pas à inaugurer sa carrière de prélat en montant sur le siége de Bayonne. L’attachement qu’il sut inspirer à ses ouailles éclata, de la manière la moins équivoque et la plus flatteuse lorsque, en 1708, Louis XIV eut jeté les yeux sur lui pour succéder, dans l’évêché de Tournai, à Louis de Coëtlogon. Offrir au prélat de compenser de leurs deniers l’augmentation de revenu que lui promettait l’évêché alors le plus riche et le plus envié des Pays-Bas, pétitionner en même temps auprès du roi pour qu’il leur laissât leur pasteur, c’est ce que firent les Bayonnais avec l’unanimité et l’empressement le plus touchant. Mais le monarque ne revint pas sur sa décision. Ce n’était pas au hasard qu’il avait fait son choix, comme le prouvent ces paroles, qu’il adressa à M. de Beauvau, au passage de celui-ci à Versailles : « Je sais ce que Bayonne voulait faire pour vous ; mais vous êtes nésaire à Tournai. »

Les événements ne tardèrent pas à lui donner raison. Quelques mois après l’entrée de l’évêque, qui avait eu lieu vers la Pentecôte de 1708, la guerre de la succession d’Espagne amena à l’improviste devant Tournai l’armée des alliés, commandée par Eugène et Malborough (26 juin 1709). La ville était d’autant moins en état de résister que Villars, trompé jusqu’au dernier moment, en avait retiré le plus de blé, d’argent et d’hommes qu’il avait pu, sans la laisser complètement dégarnie. Placé entre les bourgeois et l’armée assiégée, dans une position fort délicate pour un Français et pour un prêtre, l’évêque dut déployer tout le sang-froid, l’abnégation, la libéralité que le roi avait sans doute attendus de lui. Sa vaisselle plate servit à fabriquer la fameuse monnaie obsidionale du gouverneur, M. de Surville ; son palais, son église, furent transformés en hôpitaux de blessés. Pour nourrir les pauvres et subvenir aux nécessités cruelles qui s’étalaient sous ses yeux, M. de Beauvau, digne émule de Fénelon, alla jusqu’à emprunter 800,000 florins. La ville n’en fut pas moins prise. Mais en vain les vainqueurs exigèrent-ils un Te Deum de l’évêque. Celui-ci refusa de le chanter, et, sous prétexte d’aller demander l’avis du roi sur sa conduite à venir, il prit le chemin de Versailles, sans être inquiété. En son absence, la guerre s’alluma au sujet de la nomination d’un doyen du chapitre, entre les chanoines de la cathédrale et LL. HH. puissances les états généraux, dans les mains desquels la souveraineté provisionnelle du Tournaisis était passée par la conquête. Pour mettre fin au débat, soutenu des deux parts avec une égale obstination, le pape Clément XI jugea bon d’ordonner, en 1711, à M. de Beauvau, de rentrer dans son diocèse. L’évêque vint jusqu’à Cambrai, où il s’arrêta pour négocier son retour. Ses offres de soumission ne reçurent que cette réponse ironique : « Qu’il se trouvait trop bien en France sous un souverain plus digne de lui, et qu’on lui conseillait d’y demeurer. »