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ce philanthrope sincère, cet amateur passionné de la belle et saine littérature, avait un défaut dont il ne sut jamais se corriger. La moindre contrariété le jetait dans des accès de colère, pour ne pas dire de fureur, dont il se repentait aussitôt, mais qui lui firent plus d’une fois commettre des actes très-regrettables. Nous en citerons un exemple. En 1825, se rendant de Maestricht à Meersen, il donna de vigoureux soufflets à un postillon qui lui avait réclamé quelques centimes de plus que la somme fixée par le tarif officiel de la poste ; puis, ses bons sentiments reprenant aussitôt le dessus, il remit à ce malheureux une pièce de vingt francs, en disant : « Maintenant que je vous ai puni, je ne vous en veux plus. — C’est bien, répondit le postillon, revenu de son étourdissement ; j’allais vous punir à mon tour, mais la pièce d’or me désarme. »

Le comte de Belderbusch mourut à Paris, le 23 janvier 1826, laissant à des collatéraux éloignés une fortune immobilière de près de deux millions de francs. Il a publié, sous le voile de l’anonyme, cinq écrits politiques, devenus aujourd’hui à peu près introuvables : 1° Sur les affaires du temps. Cologne, 1795, in-8o. — 2° Modifications du statu quo. Ibid., 1795, in-8o. — 3° La paix du continent comme acheminement à la paix générale, seul moyen de conserver l’équilibre en Europe. Lausanne, 1797, in-8o. — 4° Lettres sur la paix. Lausanne, 1797, in-8o. — 5° Le cri public, publié en 1814, sans indication de date ni de lieu.

Dans une notice écrite pour la Biographie universelle de Michaud, M. Weiss se trompe en faisant de l’historien Claude Beaulieu le secrétaire du comte de Belderbusch[1]. Beaulieu fut, en effet, appelé à Beauvais pour rédiger le journal de la préfecture ; mais le secrétaire du préfet était un de nos compatriotes, M. Cudell, devenu plus tard juge de paix à Hasselt, et cet homme modeste, dont nous avons pu apprécier les vastes connaissances, contribua largement à toutes les mesures qui valurent au comte de Belderbusch les éloges de l’empereur et la reconnaissance de ses administrés.

J.-J. Thonissen

Renseignements particuliers. — Moniteur universel. — Biographie universelle de Michaud.

BELGIOJOSO (Louis-Charles-Marie, comte DE BARBIANO et), ministre plénipotentiaire pour le gouvernement des Pays-Bas, né le 2 janvier 1728, fils puîné d’Antoine de Belgiojoso, créé prince de l’empire par Joseph II, le 2 août 1769, et de Barbe-Louise-Élisabeth, comtesse d’Adda.

Le comte Barbiano de Belgiojoso suivit d’abord la carrière des armes. En 1764, Marie-Thérèse le nomma son ministre à la cour de Stockholm ; elle fut si satisfaite de la manière dont il remplit cette mission qu’en 1770 elle lui confia l’ambassade beaucoup plus importante de Londres, et presque en même temps le nomma conseiller d’État intime actuel ; deux ans plus tard, elle l’éleva au grade de général-major dans ses armées. Joseph II, ayant conçu le dessein d’aller visiter la Erance, voulut avoir auprès de lui, dans ce voyage, le comte de Belgiojoso : « Je ferai venir Belgiojoso de Londres à Paris, » écrivit-il à son_ frère Léopold[2] « pour y faire sa connaissance : car c’est un homme que je ne connais pas du tout, et dont on me dit un bien infini. Ses dépêches sont très-sages. » Belgiojoso accompagna en effet l’empereur, en 1777, durant son séjour à Paris, et les excursions qu’il fit à Brest, à Bordeaux, à Bayonne, en Biscaye, à Tonlon et à Lyon ; lorsqu’au mois de juillet, Joseph II reprit le chemin de l’Allemagne, il retourna à son poste à Londres.

Le prince Georges-Adam de Starhemberg (voir ce nom), qui, sous le gouvernement du duc Charles de Lorraine, avait occupé la place de ministre plénipotentiaire aux Pays-Bas, et, après la mort de ce prince, avait été chargé du gouvernement général ad interim, en attendant la prise de possession de cette dignité par l’archiduchesse Marie-Christine et le duc Albert de Saxe-Teschen, sollicitait avec

  1. T. LVII, p. 397, première édition.
  2. Lettre du 29 octobre 1776.