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manque absolu de toute production étrangère à nos climats, prouvent évidemment que la tourbe est infiniment plus moderne que les autres fossiles accidentels et qu’elle appartient à la génération actuelle. »

En 1787, Burtin envoya un mémoire à la Société des sciences naturelles de Harlem, sous le titre : Réponse à la question proposée par la Société de Teyler sur les révolutions générales qu’a subie la surface de la terre et sur l’ancienneté de notre globe. Il y donna libre carrière à ses opinions sur la constitution géologique du globe et le mémoire fut couronné et imprimé.

Burtin était en rapport avec les principales célébrités de son époque et nous voyons, entre autres, l’abbé Mann, répandre le prospectus de son Oryctographie et s’exprimer sur le compte de son ami dans les termes les plus flatteurs. Ses travaux n’étaient pas moins avantageusement jugés à l’étranger et ce qui prouve que ses livres ne sont pas de pures compilations, comme ses adversaires politiques le prétendaient, c’est que ses contemporains l’eurent en haute estime et que des naturalistes modernes très-autorisés ont perpétué son nom dans la science.

M. Endlicher, dans son Genera Plantarum, a, en effet, dédié à Burtin un genre de palmier fossile sous le nom de Burtinia, genre qui comprend, deux espèces : le Burtinia faujasi et le Burtinia caccoïdes. De France, célèbre paléontologiste français, lui a dédié aussi une espèce de strigocephale du terrain dévonien sous le nom de Strigocephalus Burtini.

En se plaçant à un tout autre point de vue, en reconnaît également, au ton des pamphlets et à la gravité des accusations lancées contre lui par ses adversaires politiques, qu’il avait acquis une haute position à Bruxelles. La virulence de ces écrits, les caricatures dont il fut, le sujet sont des signes d’autant plus caractéristiques, qu’il ne paraît pas s’être mêlé personnellement des affaires publiques. Mais on était dans la fermentation qui annonçait la révolution brabançonne, et Burtin était fort attaché à la maison d’Autriche. Le gouvernement de Joseph II étant renversé, il s’expatria et ne revint à Bruxelles qu’à la suite des armées autrichiennes. L’empereur lui fit alors une belle pension et il put, dès ce moment, se consacrer exclusivement à son goût pour les beaux-arts, pour les sciences naturelles et pour les voyages. Ces voyages affermirent son goût et fortifièrent son jugement. Dès 1785, il commença ses excursions dans les principales parties de l’Europe. Il visita successivement les Pays-Bas autrichiens, la Hollande, l’Allemagne, l’Autriche, la Bohême, la Moravie, la Styrie, la haute Italie, la plus intéressante partie de la France et une partie de la Prusse, de la Pologne et de la Hongrie.

Afin de mieux mûrir son jugement et de préparer la publication de son livre sur les beaux-arts, Burtin se rendit de nouveau en Allemagne (1806) pour y visiter les principales galeries de tableaux. C’était pendant la seconde occupation française et parmi les incidents de son voyage, il raconte qu’ayant été pris pour un espion français par des maraudeurs saxons, sa voiture fut pillée, ses papiers perdus et qu’il fut conduit de poste en poste jusqu’au camp de Iéna, avant la fameuse bataille du 14 octobre. Il fut heureusement tiré de leurs mains par un des généraux en chef de l’armée alliée, le prince de Hohenlohe, de qui il était connu.

Burtin était un homme fort distingué qui s’était familiarisé, tant par ses études que par ses voyages, avec les différentes littératures de l’Europe et qui composa même des vers italiens à l’imitation de l’Arioste. Nous avons indiqué quelle fut l’importance de ses travaux scientifiques; mais n’eût-il laissé que son livre sur les connaissances nécessaires aux amateurs de tableaux, son nom mériterait déjà d’être sauvé de l’oubli. Ce qui démontre l’importance de cet ouvrage, c’est le prix auquel il continue à se vendre, et la nécessité aux yeux des amateurs d’en publier une seconde édition : cette édition a paru en 1846, à Liége. Burtin connaissait parfaitement la matière dont il traitait; il avait consacré une grande partie de sa vie à se former une galerie;