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CAMBRESIER (M.-R.-H.-J.), prêtre du diocèse de Liége, que l’on croit originaire de Chênée. Il jouissait d’un bénéfice de la Collégiale de Saint-Jean à Liége, lorsqu’en 1774 il se fit recevoir avocat près le tribunal de l’Official, position qu’il occupa jusqu’à l’époque de la réunion de la principauté à la France. On doit à Cambresier le premier travail philologique publié sur l’idiome liégeois : Dictionnaire Wallon-François ou recueil de mots et de proverbes françois extraits des meilleurs dictionnaires. Liége, Bassompierre, 1787, in-8o de 197 pages. Ce recueil est encore aujourd’hui l’un des meilleurs que l’on possède. L’auteur adopte généralement l’orthographe phonétique. Évitant l’écueil dans lequel sont tombés la plupart de ses successeurs, il élague avec soin les hors-d'œuvres et montre une sage réserve dans l’admission des mots, sans faire dominer aucun des dialectes du pays. « Quant à la partie wallonne, dit-il dans sa préface, je ne trouve pas de moyen de la soustraire à la censure; chacun voudrait y trouver les mots qui sont en usage dans son lieu natal et cela est de toute impossibilité. Pour contenter tout le monde autant que possible, je donne la préférence aux mots dont l’usage est le plus général, sans m’astreindre au langage d’aucun endroit particulier; et ces mots je les écris selon que l’oreille me les suggère. » Il annonçait un supplément qui n’a jamais paru. Frédéric Rouveroy, dans une note de son Dictionnaire Wallon-Francais, resté inachevé, pretend que Cambresier n’est point l’auteur du livre qui porte son nom et en réclame la paternité pour l’abbé Neuray, curé de Stembert, mort vers 1776. Nous n’avons rien trouvé qui justifiât cette allégation et MM. de Villenfagne et de Chenedollé, dans les articles qu’ils consacrent à Neuray, ne disent mot de ses travaux philologiques.

Ul. Capitaine.

CAMBRY (Jeanne DE), religieuse célèbre par ses écrits, naquit à Douai le 15 novembre 1581 et mourut à Lille le 19 juillet 1639. Son père était premier conseiller de la ville de Tournai et sa mère, dame Louise de Guyon, était fille de Ferry de Guyon, qui défit vaillamment à Marchiennes les iconoclastes et les rebelles au roi. Jeanne donna dès sa plus tendre jeunesse des signes d’une piété extraordinaire. Cependant elle éprouva, plus tard, quelques luttes dont elle sortit victorieuse au point qu’elle reprit sa première ferveur, et commença à mener une vie des plus austères. En 1604, elle prit l’habit de Saint-Augustin dans l’abbaye des Prés, à Tournai. Ses premières années en religion furent remplies de consolations intérieures qui, dans la suite, firent place aux plus rudes épreuves, surportées avec une résignation exemplaire. En 1619, elle passa de l’abbaye des Prés, de Tournai, au monastère de Sion de la même ville, où elle demeura jusqu’à ce que, deux années plus tard, l’évêque de Tournai, Maximilien Villain de Gand, la nomma prieure de l’hôpital de Menin, pour réformer les désordres qui régnaient dans cette communauté et pour y introduire une discipline régulière. Mais, trouvant la règlé de Saint-Augustin trop peu austère, elle obtint, la permission de fonder au faubourg de Saint-Pierre, à Lille, sous le titre de Filles de la Présentation, un nouvel institut religieux pour lequel elle composa elle-même des Constitutions empreintes d’une grande sévérité. Le 25 novembre 1623, l’évêque de Tournai inaugura en personne la fondation et reçut la profession des nouvelles religieuses. La fondatrice prit le nom de sœur Jeanne-Marie de la Présentation. Elle vécut dans cette retraite pendant près de seize années, et y mourut à l'âge de 58 ans environ.

Jeanne de Cambry composa plusieurs ouvrages sur la théologie ascétique et mystique. En voici les titres : 1° Petit exercice pour pouvoir acquérir l’amour de Dieu, Tournai 1620, vol. in-12; — 2° Traité de la ruine de l’amour propre et bastiment de l’amour divin en quatre livres, Tournai 1627 et Paris 1645, vol. in-12; — 3° Le flambeau mystique ou adresse des âmes pieuses ès secrets et cachez sentiers de la vie intérieure, Tournai 1631, vol. in-12; — 4° Traité de la réforme du mariaige, Tournai, 1655, vol. in-12; — 5° Traité de l’excellence de la solitude, Tournai 1656,