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Le Blanc le cite comme étant tout à la fois peintre et graveur à l’eau-forte. Brulliot a trouvé sa signature en toutes lettres, sur des gravures représentant des marines qu’on suppose avoir été gravées par lui d’après ses propres compositions. Elles appartiennent à la seconde moitié du XVIe siècle.

Ad. Siret.

BREUGHEL (Pierre), ou BRUEGHEL le vieux, dit le Paysan, le Drôle, ou le vieux Breughel, peintre de paysage, de scènes burlesques, de diableries, d’histoire en petit, etc., et graveur sur bois, à l’eau-forte et au burin, né à Breughel, village près de Breda, on ne sait au juste en quelle année; d’après les uns en 1510, d’après les autres en 1530. Le nom de famille de cette belle lignée artistique n’a jamais été connu. Pierre Brenghel, souche de tous ces vaillants peintres, prit le nom de son village et n’en signa jamais d’autre. Et même celui-ci est orthographié de deux manières, Brueghel et Breughel. La première manière est la version primitive, celle que les peintres de ce nom ont adoptée pour signature; la seconde a pourtant prévalu dans l’orthographe moderne. Breughel était né paysan et fils de paysan; mais la nature en le créant artiste, lui avait donne un esprit inventif, curieux, gai et fort original. Sa vocation ne fut pas contrariée. On le plaça chez un homme célèbre, peintre, architecte, géomètre, Pierre Coucke, d’Alost. Il demeura dans la maison de celui-ci et porta plus d’une fois dans ses bras, dit Van Mander, la petite fille de son maître, sans se douter que cette petite fille serait un jour sa femme. On sait que Pierre Coucke avait épousé Marie Bessemers, de Malines, peintre elle-même et qui devait plus tard donner les premières leçons à son petit-fils, Jean Breughel, dit de Velours. Pierre Breughel alla ensuite travailler dans l’atelier de Jérôme Kock, plus connu comme graveur et comme nuirchand de tableaux que comme peintre. Il est évident qu’aucun de ces deux maîtres ne put avoir sur la manière de Breughel une influence déterminante et que le jeune artiste resta, comme style et comme genre, ce que la nature l’avait fait. Il est cependant un troisième maître qu’il se choisit, et, quoiqu’il ne le vit peut-être jamais à l’œuvre et qu’il ne reçut point ses leçons, c’est le modèle qu’il adopta de préférence dans celles de ses compositions où il introduisit du fantastique ou dans ses représentations d’histoire en petit. Nous voulons parler de Jérôme van Aeken, dit Bos ou Bosch, que Van Mander appelle Jérôme Van den Bosch. Lorsque Breughel eut fini ses études, il se mit à voyager, parcourut la France et se rendit de là en Italie. On sait qu’il s’arrêta dans les Alpes. On ne connaît aucun fait particulier de son séjour dans ces deux pays. Revenu dans sa patrie, il choisit Anvers pour résidence et y fut reçu, en 1551, dans la confrérie de Saint-Luc. Ici se place tout naturellement la discussion sur l’époque de sa naissance. Nous avons dit que certains auteurs avaient adopté l’année 1510, d’autres l’année 1530. M. Chrétien Kramm, le continuateur d’Immerzeel, penche pour cette dernière version à cause de l’année de réception à Saint-Luc. Nous ne saurions partager cette opinion, à notre sens inadmissible si réellement Breughel le vieux a passé quelques années chez Pierre Coucke, un certain temps chez Jérôme Kock, a voyagé en France, séjourné en Italie, est revenu à Anvers, y a été reçu membre de Saint-Luc, tout cela avant 1551, c’est-à-dire avant vingt et un ans. Ce serait là un fait impossible. Et pourtant son admission à Saint-Luc a suivi ses premiers voyages; mais Breughel fit deux fois le pèlerinage d’Italie, car nous trouvons ces faits clairement établis par l’exact Van Mander. C’est ce que nous sommes autorisé à affirmer, en trouvant sur une gravure citée par Le Blanc et d’autres, la marque suivante : Petrus Breughel fecit Romæ 1553. Excud. Hondius. Elle représente une vue du Rhin avec l’histoire de Mercure et de Psyché. M. Chrétien Kramm dit posséder cette estampe; il donne la variante d’inscription que voici : Petrus Breugel fec. Romæ A° 1553, Excud. Houf. cum Prœ Cœs. Il fait remarquer, comme nous, que la présence de Breughel, à Rome, en 1553, est ainsi constatée. Mariette qui, par parenthèse,