Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 3.djvu/397

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en cas de dégagement des préfectures susmentionnées[1].

On voit qu’il eût été impossible de montrer plus de bon vouloir, plus de condescendance envers l’empereur, que ne le faisaient les représentants de l’Allemagne[2]. Il y eut cependant une affaire dans laquelle Charles ne parvint qu’avec beaucoup de peine, et après de longs pourparlers, à leur faire adopter ses vues[3]. Cette affaire intéressait les Pays-Bas et était pour ces provinces d’une importance majeure.

Depuis de longues années une contestation existait entre le gouvernement de Bruxelles et les états de la Germanie. Ceux-ci, se fondant sur ce que Maximilien Ier, en 1512, avait érigé les Pays-Bas en cercle de l’Empire sous le nom de cercle de Bourgogne, prétendaient les astreindre à payer les contributions que l’Empire votait et les soumettre à la juridiction de la chambre impériale. Les Pays-Bas s’y refusaient; ils ne reconnaissaient point leur incorporation à l’Allemagne, car jamais il ne l’avaient consentie, et ils n’avaient même pas été appelés à y donner leur assentiment, sans lequel elle ne pouvait avoir d’effet. Maximilien avait été d’autant moins en droit de disposer ainsi d’eux qu’il n’était pas leur souverain, qu’il n’était que le tuteur de son petit-fils l’archiduc Charles, et qu’il exerçait seulement la régence du pays pendant la minorité de ce prince.

A Worms, en 1521, la diète, profitant du besoin que Charles-Quint avait, à son avènement, de se concilier la bienveillance du corps germanique, réclama et obtint de lui la promesse que les Pays-Bas acquitteraient leur quote-part dans les contributions de l’Empire : promesse faite toutefois « sous protestation de non-préjudice des libertés et exemptions que lesdits pays pouvaient avoir de non être contribuables[4] ». Quelque temps après, l’archiduchesse Marguerite reçut la demande du contingent des provinces placées sous son gouvernement dans les dépenses de la guerre contre les Turcs et de l’entretien du conseil impérial : elle fit savoir à son neveu que non-seulement ces provinces ne voudraient, pour chose quelconque, contribuer aux charges de l’Empire, mais qu’elles ne souffriraient pas que, même sans leur assistance, elle y contribuât en son nom[5]. Il s’ensuivit, entre l’archiduchesse et les états de la Germanie, des discussions qui ne manquèrent pas d’aigreur.

Ces discussions se renouvelèrent sous la régence de la reine Marie. A la diète de Spire de 1542, que présida le roi Ferdinand, une levée de troupes et des subsides ayant été votés pour faire la guerre au Turc, les commissaires de la diète écrivirent à la reine afin que les Pays-Bas y contribuassent à deux titres : l’un du chef des pays d’Utrecht et d’Overyssel, qui en 1527 avaient été annexés à ces provinces et qui dépendaient notoirement du cercle de Westphalie; l’autre, comme formant le cercle de Bourgogne[6]. La reine était disposée à fournir le contingent des pays d’Utrecht et d’Overyssel; elle assembla les états de ces pays; sur le refus qu’ils firent, soutenant que jamais ils n’avaient contribué à de pareilles charges, elle nomma des capitaines et fit lever des gens qu’elle se préparait à envoyer en Allemagne. Sur ces entrefaites elle apprit, par des lettres interceptées, que le maréchal de Gueldre, Martin van Rossem, faisait des préparatifs pour surprendre la ville de Gand, et que le roi de France en faisait, de son côté, dans le dessein d’envahir le Luxembourg : elle

  1. Le P. Barre, t. VIII, p. 793. — Schmidt, t. VII , p. 326 et suiv. — Dumont, Corps diplomatique, t. IV, part. II, p. 339
  2. C’est ce qui faisait dire à Viglius, écrivant le 3 juillet à la reine Marie : « Certes Sa Majesté ne tint oncques diette pareille à ceste, où tant de choses sont esté videes avec réputation de Sa Majesté et costentement des estatz..... » (Arch. impér. à Vienne.)
  3. Il écrivait à la reine Marie le 12 juin 1548 : « Quant à la compréhention et contribution de mes Pays-Bas avec l’Empire, l’affaire a esté de grand travail et souvent est tombé en rompture et diverses difficultez..... Et n’y a eu affaire en la diète qui ayt baillé plus de peyne que cestuy. » (Arch. impér. à Vienne.)
  4. Lettre de Charles à Marguerite du 31 octobre 1522, citée par M. Henne, t. VIII, p. 320.
  5. Lettres du 28 mars et du 22 avril 1523, citées aussi, par M. Henne, l. c., pp 321 et 322.
  6. Lanz, Staatspapiere, p. 421.