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jeune au service de Charles-Quint; en 1543, on le trouve à la tête de cinquante hommes à cheval, gardant les frontières vers la France; en 1549, l’empereur « ne voulant confier le poste important de Renty qu’à un capitaine dévoué à son service et expérimenté en fait de guerre, » nomma Jacques de Bryas gouverneur de cette place, sur la recommandation expresse de sa sœur, la reine de Hongrie. Sa confiance ne fut pas trompée; officier habile et entreprenant, il repoussait tantôt les attaques de l’ennemi, tantôt l’assaillait avec succès. Au mois d’août 1554, l’armée royale de France, quittant les Pays-Bas, où elle avait commis tant de ravages, investit Renty; à ses sommations, Bryas répondit qu’il ne se rendrait jamais, et cette fière réponse fut suivie par une vigoureuse sortie. La place fut dégagée a la suite du combat de Fauquenberghe. L’empereur y fit son entrée et s’empressa de récompenser la bravoure de ses défenseurs, en leur accordant trois mois de solde. Quant à Bryas, dont les terres avaient été ravagées par l’ennemi, il reçut, en indemnité, la seigneurie d’Oby et, plus tard, il obtint le gouvernement héréditaire de Marienbourg. A la bataille de Gravelinnes, il conduisait des enseignes wallones qui rivalisèrent de bravoure avec l’infanterie espagnole. Soldat avant tout, sa fidélité au drapeau royal ne se démentit jamais. Lorsque les troubles éclatèrent en 1566, il fut l’un des principaux lieutenants de Noircarmes; il assista à la soumission de Tournai, au siége de Valenciennes et au combat de Lannoy, où il mérita d’être cité particulièrement, dans le rapport adressé par Noircarmes à la gouvernante générale : « Sy est que j’y fais quelque distinction, pour s’estre mis le dict Bryas à pied, avec les corselets. » En 1568, il figure à la tête de cinq enseignes, de piétons wallons, dans l’armée réunie par le duc d’Albe, près de Maestricht, afin de s’opposer à l’invasion des Pays-Bas, par le prince d’Orange.

Le duc d’Albe avait proposé de donner le gouvernement de Bapeaumes à Bryas; le Roi approuve non-seulement cette proposition, par sa lettre du 4 juillet 1570, mais il annonce en outre le projet de créer, au moyen des biens confisqués sur les rebelles, des commanderies destinées à récompenser « les naturels du pays qui l’ont bien servy; » et il en réserve une de mille florins de revenus, pour le seigneur de Bryas.

Malgré son âge déjà avancé, au mois de mai de cette même année, il avait pris part à l’expédition difficile et périlleuse entreprise dans le but de secourir Middelbourg. Sancho d’Avila, châtelain d’Anvers, en était le chef, mais Bryas, qui conduisait six cents Wallons d’élite, avait reçu une patente de commandant, pour le cas où d’Avila viendrait à manquer. Il se comporta, en cette occasion, avec son intrépidité accoutumée; aussi le duc d’Albe n’hésita-t-il pas à mander au roi, qu’il méritait une récompense. Quelques années plus tard, ce monarque écrivait à son neveu, le prince de Parme, gouverneur général des Pays-Bas : « Pour la grande satisfaction que j’ay des qualitez, expérience et longs services que m’a faict et faict le Sr de Bryas, je prie de m’avertir s’il vous semblerait bien de le faire de mon conseil de guerre. » Il siégea non-seulement au sein de ce conseil, mais il remplaça le comte de Berlaymont, pendant son absence, dans le gouvernement de Namur. Il se démit volontairement de cette charge en 1580; son intervention avait été utile, l’année précédente, dans le traité de réconciliation du Hainaut.

Le 7 mars 1583, il résigna en faveur de son fils, Jacques, 3e du nom, sa charge de gouverneur héréditaire de Marienbourg; un brevet du 12 décembre 1584 lui accorda une pension de six cents livres.

Il avait épousé, en 1536, à Ardres, Jeanne de la Cressonnière, fille aînée de Florent de la Cressonnière et de Françoise Le Grand, morte en 1584 à Marienbourg, où sa tombe se voit dans l’église paroissiale.

A. Robaulx de Soumoy.

Archives géérales du royaume, dépêches de guerre, n 367. — Liasses de l’audience, n° 1111. Correspondance de Philippe II, I, 499, II, 25. — Rabutin, 619. — Mémoires de Pasquier de le Barre, II, 122, 124. — Bernardino de Mendoza, I,