Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 8.djvu/290

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à l’infiui, et en "jénéral évite les exasré • rations de chiffres. Certes, sa critique est souvent naïve ; mais, dans son De forma iracfajidi (I, 16), on aime à l’entendre condamner les auteurs qui, dit-il, prouvent l’inconnu par l’inconnu et ne reculent pas devant l’incroyable. Toutefois, il croit encore à l’astrologie judiciaire et cite comme de sûrs garants des origines troyennes de la Belgique, Lucius de Tongres, Guillaume de Mascande, Hugues de Toul et Eucler, auteurs bizarres qui n’existent plus (|ue dans les fragments conservés par l’annaliste. C’est lui seul aussi qui nous a conservé la trace d’un poème sur les Bonds, qui a longtemps fait autorité et que l’on déclare aujourd’hui absolument dénué de valeur historique (Alph. Wauters, Table chronologique des Chartes, t. VI, p. xxvii). Tout en parlant un peu de tout depuis la création du monde, tout en citant pêle-mêle Virgile, Horace, Tite-Live, Suétone, il s’attache néanmoins de plus en plus, à mesure qu’il avance, aux documents de l’histoire nationale. W va jusqu’à faire traduire du flamand en latin une sorte de biographie romanesque du fameux Bouchard d’Avesnes. Kn général, il s’intéresse au sort du peuple, et son vieux latin, par moments, palpite d’un chaud patriotisme. " Les trente-cinq années de règne « de la comtesse Marguerite (de Constantinople), dit-il, furent marquées « de tant de troubles, de ténèbres et de » turpitudes que je n’aurais pas osé en " écrire l’histoire si je n’y eusse été déterminé par la pitié, par ma conscience » et par amour pour la vérité et la justice. En voyant les hommes de bien «opprimés, poursuivis chaque jour, X contre toute équité et toute raison, " tandis que leurs persécuteurs persévéraient dans le crime, et semblaient « s’en faire gloire, je n’ai pu soutenir ce ’■ ^pectaole, et, à l’exemple de Judas • Machabée, j’aime mieux m’ex|)oser à ■• la mort pour défendre la vérité que de .. voir et d’entendre ainsi raconter cha- " (|ue jour les maux de mon pay.») et des « saiut.s qui l’honorent, sans plaider la • cause de la vérité et de la justice » . sE 552 Le bon cordelier oubliait ici les dons prodigués par Marguerite à son couvent, pour ne songer comme ses compatriotes qu’à maudire la Noire dame. Jean Lefebvre a continué ces Annales jusqu’auxvii- siècle. Cette suite se trouve dans l’édition volumineuse du marquis de Fortia d’Urban. Le latin de la Chronique est assez souvent traduit inexactement, surtout pour les détails géographiques, et les notes de l’éditeur, bien loin d’éclaircir le texte, ne font souvent que le rendre plus fabuleux. Tout reste donc à faire sur les sources et les éléments de ce livre qui, somme toute, n’est pas sans importance pour l’histoire de la Belgique méridionale. Tel est, du moins, le jugement de Nélis,de Eeiffenberget de Wind. Marchantius lui attribue, en outre, une Chronique de Flandre manuscrite. Jacques de fiuise fut enterré dans l’église des Kécollets de Valenciennes, vis-à-vis de l’autel de la Vierge, où Nicolas de Guise lui éleva plus tard un tombeau en pierre bleue du pays. L’annaliste y est représenté tenant un livre à la main avec cette inscription : » Chy gist maistre Jacques de Guise, « docteur et Frère mineur, auteur des • Cronicques de Haiuau, qui trespassa « l’an mil III C. nouante huict le " sixiesme février. Priez Dieu pour son " âme. " Une autre épitaphe, composée par Jacques de Guise lui-même (mscr. n" 5995, Bibliothèque nationale) semble faire allusion à quelques déboires de sa ne : Uuœ milii de Guysja Jacobo fort lucra’Tlialia, Aiil iia-na Taris 7 Quid conrerl scila sopliia ? C’est du même ton qu’où fait parler Jacques dans l’abrégé de Lessabé (f. I , verso) : « Par tresgrant labeur et à grans » despens et dangier j’ay ce tant peu n d’histoires trouvées esparces en plusieurs nations et provinces : et en « mon propre terrouer de Haynnaut,des » plusgrans et de aulcuns aultres m’ont « été les livres et histoires relfusées. •