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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

resque et montait un très-bon cheval. Une quantité de boucles blondes, lui tombant presque jusqu’à la taille, s’échappaient de dessous son chapeau à larges bords ; sa barbe aussi était blonde, ses yeux bleus, son teint vermeil. Son expression n’avait rien de sinistre et ses manières étaient simples et franches. Il était vêtu d’un costume de chasseur en peau de daim brodée de perles et portait des éperons de cuivre d’une longueur exceptionnelle. Le nombre de ses armes était peu habituel : en outre d’un fusil posé en travers de sa selle très-ornée, et d’une paire de pistolets dans les arçons, il avait à la ceinture deux revolvers et un couteau et portait une carabine en bandoulière. Je le trouvai ce que l’on appelle de bonne compagnie. Il me raconta une foule de choses sur le pays et ses animaux sauvages, quelques aventures de chasse et beaucoup d’histoires sur les Indiens, sur leur cruauté et leur fausseté. Pendant tout ce temps, ayant traversé South-Park, nous gravissions la Continental Divide par ce qu’on appelle, je crois, la passe de Breckenridge, sur une excellente route de chariot. Nous nous sommes arrêtés dans une cabin où la femme, qui semblait connaître mon compagnon, ajouta au pain et au lait quelques tranches de venaison. Nous avons continué notre route et atteint la cime de la Divide, pour voir les rivières issues des neiges s’écouler, l’une vers le Colorado et le Pacifique, l’autre vers la Platte et l’Atlantique. Je dis adieu au chasseur et pris à contre-cœur au nord-est. Ce n’était pas du tout prudent d’être montée jusqu’à la Divide, et il avait fallu le faire rapidement. En redescendant, je parlai à la femme chez laquelle j’avais diné ;