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Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/86

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VOYAGE D′UNE FEMME

qui sont acclimatés, étaient quelque peu affectés de la même manière. L’éclat, l’atmosphère cristalline et la splendeur d’hier, tout avait disparu. Nous avons emprunté un chariot ; le cheval du docteur Hughes, fort mais paresseux, et une faible bête que nous avions louée, faisaient un pauvre attelage. Quoique de Canyon jusqu’ici il n’y ait que vingt-deux milles à travers la prairie, nous sommes restés huit heures et demie sous un soleil brûlant ; toutes notions de la localité me faisaient défaut dans la prairie, et le docteur n’en avait guère plus que moi. Après avoir suivi de fausses traces, nous être empêtrés dans des clôtures, enfoncés dans la boue profonde des fossés d’irrigation, nous étions découragés. Ce voyage, que nous faisions sous un soleil méchant, assis sur un tas de fourrage, était quelque chose d’affreux. À mi-chemin, nous avons campé près d’une rivière qui n’est, dans ce moment, qu’une série de trous boueux, et je me suis endormie à l’ombre légère d’un peuplier du Canada, redoutant la pensée du réveil, les pénibles cahots dans la prairie poudreuse et le sirocco impétueux sous un soleil féroce. De toute la journée, nous n’avons vu ni homme ni bête.

Nous sommes dans la colonie de Chicago, que l’on dit prospère. Elle est aussi peu attrayante que le fort Collins. Nous arrivons d’abord près de maisons de bois couleur de poussière éparses sur la plaine poudreuse, chacune ayant son champ poussiéreux d’orge ou de blé, dont la récolte ne peut être attribuée aux pluies du ciel, mais au débordement « du fossé d’irrigation n° 2 ». Puis, nous trouvons une route tracée par le pas-