Aller au contenu

Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/88

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
80
VOYAGE D′UNE FEMME

Estes-Park et ses environs, me dit-il, sont ce qu’il y a de plus beau au Colorado, et il ajouta : « Ce serait une vraie honte pour vous de ne pas le voir. » Nous commencions à prendre notre thé, lorsqu’il revint : « Cette fois-ci, me dit-il, vous avez de la chance : deux jeunes gens qui viennent d’arriver montent demain à Estes-Park. » Je suis assez satisfaite, et j’ai loué un cheval pour trois jours ; mais je ne suis pas très-rassurée, car cette chaleur suffocante me rend presque malade : je souffre encore de ma chute et, n’étant pas remontée à cheval depuis lors, trente milles seront une longue course. Puis, je crains que le logement ne soit aussi mauvais que chez Chalmers et que je ne puisse être seule. Une fois la nuit venue, nous avons erré dans la rue pour respirer le peu d’air en mouvement.


Estes-Park !!! 28 septembre.

Je voudrais pouvoir vous envoyer ces trois points d’exclamation à la place d’une lettre. Ils expriment tout ce qui peut transporter d’enthousiasme et ravir : grandeur, allégresse, puissance, nouveauté, liberté, etc., etc. Je suis tombée juste sur l’endroit que je cherchais, et il dépasse tout ce que j’avais rêvé. On respire la santé dans chaque bouffée d’air : je suis déjà beaucoup mieux et me suis levée sans peine à sept heures, pour le déjeuner. Tout est confortable de la manière que j’aime. J’ai, pour moi seule, une log- cabin élevée sur six poteaux, sous laquelle un skunk a creusé son terrier ; un petit lac s’étend à côté. Il gèle toutes les nuits et les journées sont assez fraiches pour qu’on fasse un feu ronflant. Le maître du rancho,