Page:Bizet - Lettres à un ami, 1909.djvu/157

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Aujourd’hui trêve à l’insolence, arrive trop tard. Il doit couper la parole à Paddock. La ritournelle que vous avez placée là ferait un temps froid au théâtre. J’aime bien ce que dit ce vieux comme accent : la courtisanerie a aussi ses Prud’homme ; il n’est pas mauvais de l’indiquer en passant.— Jusqu’ici j’ai à reprocher le manque d’intérêt musical. Je suis content de la grande phrase de Paddock. Les six premières mesures sont un peu molles musicalement parlant, mais le reste est bon. C’est acerbe, contenu et violent tout à la fois. Les sauts de septièmes sont excellents.— Ceci est bien d’un musicien.— Vous ferez bien de raccourcir la ritournelle qui précède : « Prends garde » . Ce dialogue est accompagné trop touffu ! Cela manque un peu d’intérêt. C’était difficile, j’en conviens. La chanson de Paddock reprend bien, et la sortie du chœur est bien comprise.— Courage, il y a progrès. Continuez ; soyez musical surtout. Faites de la jolie musique[1]. Envoyez-moi vite ce que vous avez de fait ! Il faut espérer que vous ne ne me trouverez pas au lit.

  1. On comprend facilement dans quel sens Bizet employait ce mot et qu’il voulait dire par là de la vraie musique, de la musique ayant une valeur.