Page:Bizet - Lettres à un ami, 1909.djvu/26

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à Don Carlos. Tandis qu’il était impitoyable pour la grossièreté et pour le laid, pour ce qu’il appelait « des ordures », il tenait, je le répète, à prendre le beau partout où il le rencontrait. Dans Rigoletto, il prisait le quatrième acte qu’il m’avait exécuté au piano avec aussi la scène de Rigoletto et de Sparafucile, le spadassin’ au deuxième acte, scène qu’il distinguait pour sa couleur et la justesse de l’accent.

On a publié la correspondance de Bizet avec M. Paul Lacombe[1]. J’ai déjà indiqué combien il était satisfait lorsqu’il découvrait un morceau ayant de la valeur et quel zèle il mettait à le signaler. Un jour, il y avait sur son piano quand j’entrai chez lui à Paris, rue Fontaine, plusieurs exemplaires de la Sonate en la mineur pour piano et violon de M. Paul Lacombe. Il m’en donna un. Cette sonate, qui venait de paraître, lui était dédiée. Il m’expliqua que l’auteur, alors un inconnu, habitait Carcassonne d’où il lui avait écrit. Puis Bizet s’assit devant son

  1. Hugues Imbert, Portraits et Études, suivies de Lettres inédites de Bizet. Paris. Fischbacher, 1894.