Page:Bizet - Lettres à un ami, 1909.djvu/91

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

s’est brûlé les doigts au flambeau. Des millions d’hommes égorgés par d’autres hommes, une goutte d’eau dans la mer, rien ! … L’homme n’est pas encore assez fort pour s’amputer de la croyance, sans doute. C’est triste, mais qu’y faire ? La religion, c’est un gendarme. Nous nous en passerons des gendarmes et des juges aussi, plus tard. Nous avons déjà fait un grand pas, puisque ce gendarme nous suffit presque. Demandez à la société ce qu’elle préfère, ou de se passer d’évêques, ou de gendarmes. Mettez-la en demeure de se prononcer, faites voter, et vous verrez quelle majorité en faveur du gendarme ! Le tricorne est assez puissant aujourd’hui pour contenir les mauvaises passions. Le tricorne n’aurait fait aucun effet sur les Hébreux qui ne savaient nullement ce que c’est que la philosophie. Il fallait des autels, des Sinaï avec feux de bengale, etc. Il fallait parler aux yeux ; plus tard, il a suffi de parler à l’imagination. Tout à l’heure, nous n’aurons plus affaire qu’à la raison… Je crois que tout l’avenir appartient aux perfectionnements de