Page:Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 3, 1886.djvu/129

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
113
Les gens avisés

Par sa vertu, je saigne, sans danger, au poitrail, toutes les méchantes bêtes. Avec leur sang s’échappe leur méchanceté. Quand je veux les ressusciter, je n’ai qu’à leur montrer mon couteau et à dire :

 
« Couteau à manche noir, couteau à manche blanc.
Relève mes bêtes promptement. »

Aussitôt, mes bêtes se relèvent guéries, et douces, tranquilles, comme des agneaux nés depuis un mois.

— Petiton, tu veux rire.

— Mes amis, venez dehors, et vous verrez si je mens. »

Tous trois sortirent. Mouret faisait toujours le mort.

Petiton s’approcha de la bête, lui montra le couteau et dit :

« Couteau à manche noir, couteau à manche blanc.
Relève mes bêtes promptement. »

Aussitôt, Mouret sauta de trois pieds en l’air, et vint lécher la main de son maître.

— « Petiton, tu n’as pas menti. Veux-tu nous vendre ce couteau ?

— Mes amis, qu’en feriez-vous ?

— Petiton, si nous avions ce couteau, notre fortune serait bientôt faite. Sur les champs de foire, nous irions acheter tous les bœufs et vaches méchants, tous les chevaux et mulets vicieux.