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Les gens d’Église

saint, vous allez me donner un beau louis d’or. C’est à prendre, ou à laisser.

— Cordonnier, voici ton beau louis d’or.

— Marguillières, ce n’est pas tout. Demain, sans manger ni boire, je serai forcé de faire le saint, dans la niche, de la pointe de l’aube au coucher du soleil. Faites-moi vite un bon dîner, garbure, cuisse d’oie, tranche de veau en aillade[1], chapon rôti, salade, fromage d’Auvergne, bon vin vieux, sans compter le café, le pousse-café, et la prune à l’eau-de-vie.

— Cordonnier, tout ce que tu voudras. Suis-nous. »

Aussitôt, les marguillières allèrent se mettre en cuisine. Quand tout fut prêt, le cordonnier mangea comme un loup, et but comme un trou. Avant la pointe de l’aube, il était debout dans sa niche, vêtu d’habits dorés, mitre en tête, crosse en main. Déjà, quelques étrangers arrivaient, avec leurs offrandes. Au lever du soleil, l’église regorgeait déjà de monde.

— « Quel beau saint, mon Dieu ! Quel beau saint ! »

Avec des épingles, les bons chrétiens piquaient des images, des scapulaires, des chapelets, sur le cordonnier.

  1. Cuit dans une sauce à l’ail.