Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/127

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mué les couches mineures. Comment se serait-elle long-temps préservée des vices de la bourgeoisie : l’individualisme, la petitesse des idées, la vulgarité des sentiments, l’amour exagéré d’un bien-être tout matériel, la grossièreté des instincts ? La charbonnerie avait employé la partie généreuse et saine de la bourgeoisie ; mais après l’avoir fatiguée, usée, mise sous la main des agents provocateurs et du bourreau, que lui restait-il de noble à tenter et que pouvait-elle ? Ce fut dans cet état de dépérissement et d’impuissance pour le bien, qu’elle accepta et subit l’empire d’hommes tels que MM. Mérilhou et Barthe. Ce dernier, dans la défense des accusés de Béfort, avait eu de nobles inspirations, mais si on lui attribua les vertus d’un ami du peuple, ce fut le tort de ceux qui le jugèrent.

On a beaucoup parlé, depuis 1830, des scènes dramatiques que la charbonnerie couvrait de son ombre, des serments de haine à la royauté prononcés sur des poignards, et autres formalités sinistres. La vérité de tout cela, c’est que la charbonnerie ayant pris une grande extension, les vente avaient fini par échapper à toute direction centrale. Il y en avait de républicaines, d’orléanistes, de bonapartistes ; quelques-unes conspiraient sans autre but que de conspirer. Les pratiques variaient comme les principes ; et au fond d’une association, un moment si terrible, il ne restait plus que le chaos. Le défaut de principes, vice originel de la charbonne-