Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/150

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jamais conclu à quelque modification bien profonde dans l’inique répartition des impôts ? Quoi ! on était à la veille d’une grande crise, après quinze ans de combats livrés au nom de la justice, de la patrie, de la liberté ; et le peuple, précipité dans cette crise, n’en devait sortir que pour retrouver la conscription dans le recrutement et les droits-réunis dans les contributions indirectes, c’est-à-dire l’éternel fardeau !

Vue dans son ensemble, la Restauration, il faut le dire, offre à l’historien un sujet de méditations douloureuses. Durant cette longue période, si remplie de bruit et d’agitations, le libéralisme remporta souvent des victoires funestes. Le principe d’autorité fut attaqué avec une ardeur excessive et succomba. Le pouvoir, divisé en deux forces perpétuellement occupées à s’entre-détruire, perdit par sa mobilité ses droits au respect de tous. Incapable de diriger la société, puisqu’il portait dans son propre sein la lutte, l’anarchie, et qu’il était en peine de vivre, il accoutuma les esprits à l’empire de la licence. La nation fut presque toujours violentée, jamais conduite. Qu’advint-il de là ? Le sentiment de la hiérarchie s’éteignit ; le culte de la tradition disparut. Pour arriver jusqu’aux prêtres, dont la tyrannie était devenue intolérable, on passa, en la foulant aux pieds, sur la religion elle-même. Le protestantisme devint le fond des idées et des mœurs ; beaucoup l’exagérèrent : il y eut un mo-