Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/174

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vocablement arrêtée. « Pour commander la flotte, disait-il, le roi, si les amiraux s’abstiennent, est décidé à descendre jusqu’à un capitaine de brick, et, s’il le faut, jusqu’à un enseigne. »

Une seconde réunion eut lieu chez le prince de Polignac. L’expédition, contre laquelle l’amiral Jacob avait préparé un discours écrit, ne fut appuyée que par MM. de Taradel, Dupetit-Thouars et Valazé. « Je ne suis pas marin, dit le général Valazé, mais je ne vois point qu’à aucune époque de l’histoire, les tentatives du genre de celle qu’on propose aient échoué par l’impossibilité du débarquement. La marine n’a-t-elle fait aucun progrès ? qui oserait le prétendre ? » Cette opinion devait naturellement prévaloir dans le conseil. C’est ce qui arriva.

Mais à qui confier la conduite de la flotte ? Le général Bourmont, qui prenait le commandement de l’armée de terre, désigna au choix de M. d’Haussez l’amiral Duperré, alors préfet maritime à Brest.

L’amiral Duperré n’eût, d’abord, aucune objection à présenter.

Mais, le lendemain, il paraissait avoir perdu toute confiance, soit que des influences dont il ne s’était pas rendu bien compte, eussent victorieusement agi sur lui, soit qu’un examen plus attentif de l’entreprise lui en eût mieux révélé les obstacles et les dangers. Il accepta, pourtant, le commandement qui lui était offert. Mais, comme son attitude et ses relations inspiraient aux ministres quelque défiance, le général Bourmont emporta secrètement une ordonnance qui lui donnait tout pouvoir et sur l’armée de terre et sur l’armée de mer.