Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/180

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tout le monde s’embrasse. » Alger appartenait à la France.

À cette grande nouvelle, la cour fit éclater son enthousiasme en l’exagérant. Les libéraux ne montrèrent qu’une joie indécise, et c’est à peine si les principaux meneurs de la bourgeoisie dissimulèrent l’amertume de leurs sentiments. Par un déplorable effet de l’impiété des haines de parti, les conquêtes d’une armée française attristèrent la moitié de la France. L’honneur national venait de s’élever ; la rente baissa. Elle avait été en hausse le jour où l’on apprit à Paris le désastre de Waterloo.

Les passions, loin de se calmer, devinrent donc plus ardentes que jamais. Les feuilles libérales avaient fait revivre, pour en accabler M. de Bourmont, un des plus cruel souvenirs d’une époque féconde en perfidies ; elles cherchèrent à détourner toute la gloire de l’expédition sur l’amiral Duperré.

Les royalistes, à leur tour, exhalaient contre lui des plaintes amères, quoique peu bruyantes.

« Le départ de la flotte se disaient-ils l’un à l’autre, était fixé au 16 mai pourquoi l’amiral a-t-il, sans aucun motif plausible, différé le départ jusqu’au 25 ? Et, lorsque le 30 au matin, la flotte n’était plus qu’à cinq ou six lieues du cap Caxine, pourquoi l’a-t-il ramenée dans la baie de Palma, malgré les instances du général Bourmont, et sans que la force du vent fournit une légitime excuse à cette détermination subite ? Et puis, que ne montrait-il plus de prévoyance ? N’aurait-il pas dû, dans tous les cas, fixer d’avance et indiquer aux escadres le point où, dispersées, elles pour-